La ministre française des Outremers a récemment présenté son plan pour Mayotte, annonçant 1,3 milliard sur 4 ans. Le plan présenté semble n...
La ministre française des Outremers a récemment présenté son plan pour Mayotte, annonçant 1,3 milliard sur 4 ans. Le plan présenté semble néanmoins cumuler des mesures qui font parties des dépenses annuelles récurrentes et habituelles de l'État avec celles qui sont des vraies mesures nouvelles.
Le cas le plus frappant est celui des 500 millions pour l'éducation, qui sont les investissements pour l'essentiel que l'État aurait fait compte tenu de la croissance démographique de l'archipel. Pour mémoire les dépenses annuelles de l'État pour l'éducation à Mayotte s'élèvent à 520 millions par an dont 80 millions en investissement. Les 500 millions d'investissement annoncés dans l'éducation ne représentent donc, au maximum, qu'un effort de 100 millions sur 5 ans, s'ils sont tous réalisés d'ici 5 ans.
Dans le domaine de la santé, sur les 200 millions annoncés pour le CHM, il n'y a en réalité que 28 millions qui sont de nouvelles décisions, car 172 millions avaient déjà été décidés en 2017 (voir la réponse de la ministre de la Santé à Mansour Kamardine, député LR de Mayotte, en commission des affaires sociales de l'Assemblée, le 8 novembre 2017). Les mesures nouvelles à l'hôpital ne représentent donc que 15% de ce qui a été annoncé.
Le plan de 1,3 milliard cumule par ailleurs des investissements à court terme et d'autres à très long terme, alors qu'il est annoncé comme devant être exécuté d'ici la fin du quinquennat, c'est-à-dire d'ici 4 ans.
Ainsi au CHM, sur les 172 millions annoncés en 2017, 72 millions ne commenceront à être utilisés qu'entre 2020 et 2022 tandis 100 millions ne commenceraient à l'être, s'ils le sont, que dans 8 ans. Pour les 4 ans qui viennent les investissements réels ne représentent environ que 30% de ceux annoncés (mesures nouvelles et mesures précédentes comprises)...
Même chose avec les routes : 40 millions sur 110... Pire, l'État n'a pas tenu compte des priorités des Mahorais qui étaient l'allongement de la piste de l'aéroport (200 millions), le 3e quai du port de Longoni (70 millions), le contournement (et non l'aménagement) de Mamoudzou (300 millions) et la protection du lagon (500 millions).
A y regarder de plus près, ce plan de 1,3 milliard sur 4 ans risque de se transformer en un plan à 200 ou 250 millions d'effort réel. Cela rappelle un peu la critique que font aujourd'hui les élus guyanais quant à l'application du plan d'urgence pour la Guyane, mais eux au moins, ils avaient reçu des excuses !