Elu en avril 2016 et investi le 26 mai, le président Azali Assoumani devait amorcer le redressement de notre pays, certes sorti de l’instab...
Elu en avril 2016 et investi le 26 mai, le président Azali Assoumani devait amorcer le redressement de notre pays, certes sorti de l’instabilité et du séparatisme depuis 10 ans, mais resté dans une crise socio-économique aigue.
Une pauvreté extrême qui touche une grande majorité de nos concitoyens, un chômage massif, notamment des jeunes diplômés, un climat des affaires délétère, une éducation nationale totalement détruite et un système sanitaire abîmé. Voilà les Comores dans lesquelles nous vivons aujourd’hui.
On ne peut pas non plus faire abstraction des vices qui gangrènent notre société, à savoir la corruption, le gaspillage de l’argent public, mais aussi la perte des valeurs morales et traditionnelles qui ont longtemps caractérisé notre pays.
Seulement voilà, au lieu de s’attaquer à tous ces fléaux qui rongent les Comores depuis quatre décennies, le président Azali Assoumani a choisi le créneau de la déstabilisation du pays à travers des assises partisanes et un référendum inopportun. Avec un seul but : se perpétuer au pouvoir.
Et pourtant au tout début de son mandat, des mesures de bon sens étaient prises, et nous les avions encouragées. On peut citer l’effort engagé pour rétablir l’électricité dans le pays, la baisse du prix des produits pétroliers ou encore l’ouverture des chantiers de réhabilitation de certaines routes nationales. N’étant pas dans une opposition sectaire, nous soutiendrons toujours cette politique-là.
Mais le parti Al-Qamar regrette que durant les deux années qui viennent de s’écouler, aucune politique sérieuse n’a été tracée pour lutter, notamment contre le chômage des jeunes, réduire les inégalités sociales et stopper la dégradation continue de la santé des comoriens.
La vie en Union des Comores devient de plus en plus dure. Nos concitoyens désespèrent chaque jour qui passe avec les actes posés par le président Azali et son gouvernement. Des milliers de jeunes licenciés sans raisons valables et laissés sans perspective de retrouver un autre emploi, alors que le candidat Azali Assoumani avait promis qu’un jeune = un emploi. L’hôpital El-Marrouf est démoli sans que le gouvernement puisse s’assurer des moyens de le reconstruire dans les meilleurs délais.
Les autres centres hospitaliers et dispensaires sont livrés à eux-mêmes, comme d’ailleurs les patients, alors que le gouvernement n’a pas hésité à engager plus de 600 millions de francs pour des assises sans intérêt.
L’autoritarisme a fait sa réapparition justement depuis l’annonce de ces assises jusqu’à aujourd’hui. La dilapidation de l’argent public dans des campagnes inutiles de sensibilisation est devenue monnaie courante. Les actes de corruption et le népotisme se multiplient, loin des discours de campagne électorale au cours desquels on avait promis de lutter contre ces méthodes d’un ancien monde.
A cela s’ajoute la pression douanière dont les membres de la diaspora sont victimes, et le matraquage fiscal contre les entreprises locales. Les produits importés ont vu leurs taxes augmentées jusqu’à 100%. Par exemple, pour dédouaner une voiture d’occasion, il faut débourser 750 mille francs au lieu de 500 mille auparavant.
Par ailleurs, le président avait promis d’investir plus de 470 milliards de francs sur les 5 ans dont 70% consacrés aux infrastructures et à la relance des activités économiques de production. Nous voici deux ans après, silence radio de la part du gouvernement.
Et bien, le parti Al-Qamar dit non à cette présidence déconnectée de la réalité et qui croit qu’il suffit de répéter en chœur dans les hautes sphères de l’Etat le slogan de l’émergence pour que la vie des comoriens s’améliore.
Les conditions pour qu’un pays entre dans une dynamique de développement sont la stabilité, la confiance et la bonne gouvernance. Or, faute d’avoir la capacité d’inventer une politique dans ce sens, le chef de l’Etat a fait le choix d’engager le pays dans une voie sans issue. Celle d’une réforme institutionnelle brutale, sans consensus aux antipodes des pratiques institutionnelles et qui risque de provoquer une crise profonde. Cela explique le faussé qui se creuse entre les autorités et ce qu’endure la population.
Les Comoriens voient l’urgence ailleurs. Ils attendent une révolution au niveau de l’agriculture, afin de parvenir à une autosuffisance alimentaire, une politique économique audacieuse capable d’amorcer un développement durable et créer des emplois dans divers domaines, notamment le tourisme et les nouvelles technologies, mais surtout une volonté politique pour la mise en œuvre des réformes structurelles indispensables.
C’est ce qu’on attendait légitimement du président élu en 2016. Mais hélas, les faits sont têtus et les comoriens l’apprennent à leur dépend.
Salim SAADI, président du parti Al-Qamar