La diplomatie française reprend l’initiative avec les Comores. Un secrétaire d’Etat aux affaires étrangères est attendu à Moroni ces procha...
La diplomatie française reprend l’initiative avec les Comores. Un secrétaire d’Etat aux affaires étrangères est attendu à Moroni ces prochains jours.
Un nouvel acteur entre en scène dans la crise franco-comorienne : Il s’appelle Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères. Il sera dès cette semaine à Moroni pour tenter de renouer le dialogue. Interrogé lors d’un déplacement à l’île Maurice le 10 mars dernier, Jean-Baptiste Lemoyne avait déclaré à la presse à propos de Mayotte :
nous héritons d’une situation qui n’est pas nouvelle. Il y a eu des crises sur ce territoire en 2009, 2011, 2013…Autant vous dire que nos prédécesseurs n’ont peut-être pas toujours fait le travail et on s’y attèle aujourd’hui .
© AFP Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d'État au quai d'Orsay |
Il n’est pas possible pour la France de laisser la situation en l’état. Le blocage par Moroni du retour des comoriens sans-papiers entrave la résolution de la crise à Mayotte. Les interpellations de « clandestins » tant réclamées par une grande partie de la population mahoraise, et promises par la ministre des Outre -mer Annick Girardin, ne peuvent s’opérer… faute de place. Le Centre de Rétention Administrative de Pamandzi ne peut accueillir que 135 personnes. Les « kwassa-kwassa » chargés d’immigrés illégaux continuent d’arriver à un rythme quotidien, selon plusieurs plusieurs témoignages, sur les côtes de Mayotte.
Un élan nationaliste
La mission de Jean-Baptiste Lemoyne s’annonce difficile. Ces derniers jours, le pouvoir comorien a rassemblé autour de lui une majorité grandissante de partis politiques et d’associations animés d’un élan nationaliste, allant jusqu’à réclamer le retour de Mayotte dans le giron comorien. Mais malgré tous les soutiens politiques qu’elles pourraient obtenir, notamment en Afrique, les Comores peuvent difficilement tourner le dos à la France. Il est question d’augmenter sensiblement l’aide française, notamment dans les domaines de la santé et de la formation professionnelle (L’enveloppe globale actuellement consacrée par la France est de 135 millions d’euros sur la période 2015 - 2020). Une mission sanitaire à Anjouan incluant des personnels basés à Mayotte est également en projet pour le mois de mai prochain.
Relance de la « feuille de route »
Il est question surtout de relancer la « feuille de route » signée en septembre 2017 à Paris entre les ministres des affaires étrangères des deux pays. Une nouvelle réunion paritaire à Moroni est en préparation pour le 12 avril prochain. Avec, comme la dernière fois en décembre 2017, la participation des élus mahorais.
Le Quai d’Orsay veut aller plus loin que la lutte contre l’immigration clandestine, « un problème sans fin, si on continue à le traiter comme aujourd’hui » dit-on au ministère français des affaires étrangères. En parallèle d’une aide accrue au développement et de l’établissement de relations économiques actuellement inexistantes entre l'Union des Comores et Mayotte, la mise en œuvre de la feuille de route prévoit une simplification de l’octroi des visas, soit pour travailler, soit pour se soigner, ou de simples visites aux familles. L’administration à Mayotte se montrerait en revanche plus stricte sur le respect – également par les mahorais – des dates et des conditions d’application du visa octroyé à leurs proches ou leurs employés comoriens.
Côté français, on semble vouloir dépolitiser le débat, rendre plus rationnelle la relation entre Mayotte et l'Union des Comores, dans l’intérêt des deux parties. Il reste à trouver de bons arguments pour éteindre les passions, qui n’ont cessé de s’enflammer ces derniers jours, entre les trois îles indépendantes et le département français de Mayotte.
Texte de Bruno Minas©Mayotte 1ère - Titre©La rédaction