ABDOU BACAR BOINA N'EST PLUS Le père de l'indépendance - rendons à César ce qui appartient à César - Abdou Bacar Boina n'...
ABDOU BACAR BOINA N'EST PLUS
Le père de l'indépendance - rendons à César ce qui appartient à César - Abdou Bacar Boina n'est plus. Il nous a quittés ce mercredi 14 mars 2018.
Nous survolerons rapidement ici le parcours de l'homme, quelques traits de sa vie et de son oeuvre. Une oeuvre qui a consisté, essentiellement, à se battre pour le bien-être de son pays et de ses concitoyens à commencer par l'accession des Comores à leur indépendance en 1975.
Car, on ne le dira jamais assez, les Comores doivent leur accession à la souveraineté internationale à la lutte menée par lui depuis la Tanzanie voisine. A ce titre, principal artisan, aux côtés de tant d'autres patriotes, de l'indépendance des Comores, Abdou Bacar Boina est le VÉRITABLE PÈRE de l'indépendance quoi qu'on en dise.
Au tout début des années 1960, la Tanzanie accède à la souveraineté internationale. Jeune instituteur, il est affecté à l'école française de Dar Es Salam. Soulignons qu'à l'époque, les Comores étaient un territoire d'outre mer français avec un statut d'autonomie interne.
A Dar Es Salam devenu le siège des mouvements de libération d'Afrique, le jeune instituteur comorien attrape vite le virus de la politique. Il dit adieu au confort et aux privilèges du jeune instituteur "français", expatrié, et se tourne vers une autre école : celle de la lutte pour la libération de son pays. Ici, il apprendra auprès de grands maîtres dont le tanzanien Julius Nyerere, le mozambicain Samora Machel, le namibien Sam Nujoma, les zimbabwéens Nkomo et Mugabe, le sud-africain Mandela qui sera mis en prison un peu plus tard et bien d'autres encore.
Les enseignements reçus de ces grands maîtres le conduiront tout naturellement à mettre sur pied et diriger le premier Mouvement de libération des Comores, le MOLINACO. Dès lors, il devient indésirable dans son propre pays qu'il ne retrouvera qu'en 1975 après son accession à l'indépendance soit près d'une quinzaine d'années après l'avoir quitté.
Un combat bien mené et bien réussi pour lequel nous lui présentons nos félicitations à titre posthume.
L'autre combat mené par Abdou Bacar Boina mais pas réussi, celui-là, est sa lutte contre les dépenses ostentatoires du grand mariage. Autant il a réussi son combat contre la domination française, autant il a échoué dans celui contre des mœurs rétrogrades dont le grand mariage est le ciment et l'un des principaux obstacles, à ses yeux, au développement des Comores. Mais pour ce combat-là, il n'a "jamais désespéré", me disait-il un jour, comptant sur le réveil "qui ne manquera de se faire chez nos petits-enfants" car "les Comores ne sauront aller à l'encontre de la marche du monde".
"Tout ce que j'ai fait pour mon pays, je l'ai fait de gaîté de cœur, c'est ma modeste contribution au pays qui m'a vu naître et qui m'a tout donné. Je n'attends rien en retour. Le jour de ma mort, je peux compter sur toi et sur d'autres, pour qu'on évite des funérailles officielles. Pas de drapeau remis à ma famille, pas de coups de canon. Que les choses se passent, je ne dirais pas dans l'intimité, mais plutôt modestement". C'est ce que m'a confié il y a deux ans, l'illustre disparu. C'était à Moroni chez l'une de ses filles résidant à l'époque au lieu dit "TROIS MAISONS". Mohamed Hassani