Aux Comores, le chômage touche environ 40% de la population, estime le Bureau International du Travail (BIT).Pour ce pays dont près de la m...
Aux Comores, le chômage touche environ 40% de la population, estime le Bureau International du Travail (BIT).Pour ce pays dont près de la moitié de la population vit à l’étranger, on ne peut interpréter ce taux sans inclure l’aspect culturel. En effet, au cours de ces deux dernières décennies, on a assisté à une fuite massive des talents Comoriens (comédiens, musiciens, chanteurs, peintre etc.) à la recherche d’une vie meilleure en occident. Ce sont des hommes et des femmes talentueux, qui ont contribué à l’épanouissement de la population. Ne voyant aucune perspective d’avenir, ils ont fait le choix de l’exil pour tenter de réussir ailleurs et autrement.
Aujourd’hui, le pays ressemble à un territoire sinistré ; Les orchestres et groupes musicaux sont morts, il n’y a même plus personne pour faire rire le gens. Quand on a du talent, on est appelé tôt ou tard à partir. Souvent rattrapés par la réalité de ces pays « eldorado », les artistes qui sont partis ont abandonné l’art au profit des petits boulots, leur permettant de subvenir à leur besoin. Les conséquences de cette réalitéaffectent l’économie et le bien-être des Comoriens.
Des chercheurs américains ont, dans un article intitulé ‘Healt and Well-Being’, démontré que le bonheur a un impact positif sur la santé. Si la société comorienne semble de plus en plus malade, c’est en partie dû à l’ennuie. La notion de spectacle fait désormais parti d’un passé lointain. De ce point de vue, la valorisation de la culture contribue à l’épanouissement de la population, lequel améliore la santé des gens. La Déclaration de Mexico (juillet 1982) sur les politiques culturelles montre dans quelle mesure l’accès des citoyens à la culture et leur possibilité de s’exprimer en termes artistiques et culturels contribuent à l’amélioration de leur qualité de vie. Voltaire écrit : « J’ai décidé d’être heureux parce que c’est bon pour la santé.»
Des économies et des emplois dans la culture, c’est possible
La culture est une composante essentielle du développement.Lorsqu’elle est valorisée, elle génère une série d’activités, marchandes ou non marchandes, susceptibles de se structurer et de se développer comme secteurs d’activité à part entière.Si chaque Comorien pouvait gagner sa vie par son talent, le taux de chômage serait réduit de moitié. Malheureusement, la production de biens et services culturels est quasi-inexistantedans la société comorienne. Pourtant des opportunités sont là. Le développement et valorisation des métiers de la culture peuvent créer des richesses et des emplois. Certains, comme l’artisanat d’art et les métiers liés au tourisme culturel et à la conservation du patrimoine bâti, sont particulièrement riches en emplois. Pour faire des économies et créer des emplois à travers les arts et la culture, c’est possible.
Il suffit de faire de la culture un pilier du développement à travers les axes suivants :
- Développement des emplois culturels (Audiovisuel, Multimédia, Edition, Presse, Communication, Spectacle et patrimoine) à travers des formations ciblées.
- Construction des maisons de culture
- Développement du partenariat culturel au niveau régional et international
- Encadrement et valorisation des artistes
- Promotion de la culture comorienne à travers le monde
Diversifier les formations pour réduire le chômage
L’Université des Comores forme essentiellement des administrateurs qui finissent par se retrouver au chômage, parce que l’Etat ne peut pas tous les employer. Il y a nécessite urgente de diversifier les formations en priorisant les métiers professionnels (Ingénieur du son, technicien lumière, metteur en scène, éditeur de spectacle, organisateur événementiel, manager et promoteur artistique).
Le poids économique de la culture est considérable dans de nombreux pays africains (Sénégal, Cote d’ivoire, Cap-Vert, Nigeria et Tanzanie) avec lesquels les Comores peuvent développer de nouveaux partenariats. De ce fait, la culture ne serait plus considérée comme un secteur pauvre auquel personne ne s’intéresse, comme c’est le cas aujourd’hui. C’estau contraire un domaine qui peut générer des milliards à conditions de faire les investissements nécessaires et d’y mettre les moyens qu’il faut.
Par Youssouf Ben