Il est devenu récurrent à chaque fois que le président Azali prend la parole, auprès des médias internationaux, c’est la catastrophe. ...
Il est devenu récurrent à chaque fois que le président Azali prend la parole, auprès des médias internationaux, c’est la catastrophe.
Cela pousse certains compatriotes, plongés dans une profonde honte, à proposer que le président s’exprime en comorien et fasse appel à un traducteur. D’autres portent la faute à ses conseillers en communication, mais « peut-on faire boire à un âne qui n’a pas soif? ».
Enfin les plus radicaux demandent qu’on le fasse taire tout simplement. Mais peut-on faire taire le président pour l’honneur de la Nation? Pour mieux saisir l’imminence de cette question, il faut revenir aux dernières interventions d’Azali sur les médias internationaux. On se souvient notamment du « Mayotte est un pays frère » qui en temps et dans un pays où respectueux de sa Constitution, aurait exigé au minimum des excuses devant la nation. Mais Azali n’était pas, là, à son premier dérapage médiatique. Ce propos était, en effet, précédé du « nous n’avons pas trouvé de critères (caractéristiques) d’un pays émergent »! Ah bon, on ne sait donc où on va derrière le slogan « Comores émergent 2030 »?
On n’a pas, non plus, oublié le comparatif surprenant entre le « prix d’un cabri à Moroni et celui d’un esclave en Libye ». Rappelons qu’ici, Azali interrogé par un journaliste d’Africa 24, a osé déclaré que si le prix d’un homme en Libye était « au moins 4000€ ou 30000€ on pouvait comprendre, mais pas 400€ qui est le prix d’un cabri à Moroni »! Mais arrêtons-nous sur sa dernière sortie sur les ondes de RFI, à travers des morceaux choisis. Passons sur le « beau-jour du président là où la prononciation aurait voulu que ce soit « bon-jour ». On peut, en effet, accepter ce terme puisqu’aux Comores on dit « usiku mwema » donc « beau-jour » et non « Bon-jour ». Lol!) Lorsque le journaliste, pensant tendre la perche au président Azali pour qu’il se défend contre les accusations portées à son régime, accusé de ne pas ouvrir les assises aux partis de l’opposition, l’interpelle par ces termes: « Vous avez INITIÉ UN DIALOGUE avec l’opposition dans le cadre des assises nationales mais il manque un certain nombre de partis importants, semble-t-il, à ces assises ?
À la surprise générale, Azali n’ayant pas compris le sens de la question s’exclame «C’EST PAS MOI QUI AI INITIÉ LE DIALOGUE, que ce soit très claire... » Au lieu de confirmer les propos du journaliste et dire « qu’effectivement » (son mot préféré) j’ai tenté d’appeler à la raison les partis politiques pour accompagner cette initiative citoyenne mais ils refusent... » voilà que le président nie avec virulence être un homme de dialogue. « Que ce soit bien, je n’ai pas ouvert de dialogue, ntsi kazwa ndrabo zo ka mi démocrate » pourrait-on comprendre par là!
Nier avoir ouvert un dialogue avec l’opposition dépasse l’entendement et l’on imagine le ricanement intérieur du journaliste et des équipes en régie de RFI. En fait le président Azali a tout simplement confondu « dialogue avec l’opposition » et « initiative des assises ».
Cette incompréhension de la question conduit au président à ce qui aurait valu à un élève de collège un « HS » (hors sujet). Cette confusion est liée à un niveau extrêmement bas, reconnaissons le, de la maîtrise du français orale (le niveau à l’écrit n’est pas mieux comme c’était illustré lors de l’anniverSSaire » de son mandat!) Le président a en fait compris que le journaliste lui disait « vous avez pris l’initiative de ces assises » D’ailleurs Azali poursuit « Ce dialogue a été clamé depuis 2014, QUAND J’ÉTAIS AU CHÔMAGE. C’est un dialogue qui a été INCITÉ par la société civile et que moi j’accompagne»
A ce stade de son intervention, les chauves ont dû se mordent les dents et les édentés s’arracher les cheveux. D’abord cette imbécilité qui consiste chez Azali à confondre « emploi » et « mandat politique ». Ce « quand j’étais au chômage » est pitoyablement scandaleux! Comment un President digne de ce nom peut tenir de tel propos? Mais en même temps cela traduit l’état d’esprit de ce type dont la spécialité est la gestion de l’état comme on gère une entreprise familiale. Oui c’est à croire qu’après 10 ans de chômage, ce monsieur a retrouvé du travail comme PDG de la sociale Comores dans laquelle il embauche en priorité, comme n’importe quel dirigeant d’une entreprise familiale, d’abord ses proches. Ne perdons pas de temps sur le fameux dialogue qui a été « incité » par la société civile. Incité ? Ah bon?
Passons la question du journaliste à propos des décisions d’interdictions de réunions faite à l’opposition et de l’arrestation récente des 29 citoyens qui ont été malmenés par des éléments de la gendarmerie pour défaut de papiers d’identité. Quand le journaliste demande au Président Azali « s’il n’y a pas une recrudescence des violences policières? Voilà que (on va finir par ne plus être surpris!) le président, dans un ton calme, lance un « PAS TELLEMENT d’autant plus que comparativement à d’autres pays quand même... c’est un cas tout les combien bon... » « Pas tellement monsieur le président ? » C’est vrai que les comoriens devraient remercier tous les matins de ne pas vivre en Birmanie, ni à Moscou à l’époque de Staline...! Chers compatriotes, estimez-vous heureux. Il y a plus malheureux que vous! Au fait, Monsieur le président, n’avez-vous pas vanté les Comores de pouvoir atteindre l’émergence en 13 ans du fait que le pays remplit la « seule » condition selon vous, « la sécurité »? Quelle sécurité dans un état où se sont les forces de sécurité qui perpètrent la violence?
Maintenant examinons l’affirmation du président Azali selon laquelle il a « OUVERT LA RADIO ET LA TÉLÉVISION nationales et même LA PRESSE nationale pour se prononcer... » Ah bon? Partis de l’opposition, s’il vous plaît cessez de nous mentir, le président vous a ouvert tous les espaces d’expression! Vous messieurs les directeurs de l’ORTC et d’ALWATWAN, respectez les décisions du Président! Car de deux choses l’une. Ou bien le président ment devant le monde entier en affirmant avoir donné ordre s’ouvrir les médias à l’opposition, ou alors ces décisions ne sont pas appliquées. Par qui? Qui désobéit aux consignes de BeitSalam ? C’est qui ce rebelle? Qui ose piétiner les ordres d’Azali?
Ce qu’on sait aujourd’hui est que derrière chaque actes pris ces derniers temps, que ce soit l’interdiction de réunion, la fermeture de radio, les arrestations arbitraires, il y a un homme: le ministère de l’intérieur Mohamed Daoud. Kiki serait-il l’indiscipliné de la République? L’homme qui ose faire le contraire de ce que Azali ordonne? Puisque ce dernier affirme ne pas interdire les partis de l’opposition de s’exprimer à travers les médias nationaux pourquoi Kiki ordonne le contraire?
Doit-on comprendre à travers le propos d’Azali un « ce n’est pas moi, c’est Kiki »? Mais alors pourquoi un président de la république, chef du gouvernement ne l’appelle pas à l’ordre? À moins que le ministre de l’intérieur soit si utile (par exemple en assumant le sale boulot pour le gouvernement) ou qu’il soit aussi puissant que le président lui-même. Dans ce cas, comme en sciences physiques, les deux forces s’annulent!
Avant de terminer notre décryptage, faisons une petite pause de « mdr! collectif. Et pour y parvenir réécoutons ce passage où sur l’affaire des arrestations et exactions de la gendarmerie le président « salue le ministre DES FINANCES et le chef d’état-major qui ont pris les mesures... »
Mdr! Que vient faire ici le ministère des finances? Peut-être que des indemnisations sont à venir pour les victimes. Le trésor public serait-il mobilisé? En vérité ici le président s’est mêlé, non pas les pinceaux, mais les postes. Il débute sa phrase par « ministre » et devait dire « de La Défense » sauf qu’il se rend compte que ce poste n’existe pas (aux Comores c’est le directeur de cabinet qui est chargé de La Défense) et il accroche le ministère qui sonne à peu près pareil « défense et finances »... expdr!
Enfin, l’apothéose de l’intervention de l’Imam sera atteint lorsque, à la question du journaliste sur le trafic des passeports « pourquoi le ministère public n’engage pas des enquêtes pour démanteler cet éventuel trafic? » Azali s’illustre encore une foi dans sa médiocrité politique.
« Ça c’est un autre problème...LES COMORIENS M’ONT VOTÉ POUR AVOIR DE L’ÉLECTRICITÉ ET DES ROUTES ça c’est leur priorité, mais pas pour régler des comptes... » Voilà que dans la honte qui l’entraîne vers le fond pour ne pas être capable de donner une réponse plausible au manque de réaction de l’état face à ce trafic de passeports, l’incompétent décide d’humilier les comoriens.
« Si nous ne faisons pas ce qu’un état normal devrait faire en de pareilles circonstances où la souveraineté nationale est foulée aux pieds par ce réseau mafieux qui vend notre citoyenneté comme des petits pains, c’est la faute des comoriens qui ne me demande que de l’électricité et des routes »! Semble dire au monde entier celui qu’invitent désormais tous les journalistes du monde qui veulent rire un peu! Les comoriens, ou devrais-je dire les 41% qui ont voté pour vous, n’attendent pas que de l’électricité et des routes.
Ils attendent surtout le respect des principes d’un état de droit, un système éducatif efficace pour leurs enfants, un système de santé digne, des emplois... Saïd Idriss