Démocratie : le Libéria, un exemple à suivre en Afrique Les résultats définitifs du premier tour des élections législatives et de la pr...
Démocratie : le Libéria, un exemple à suivre en Afrique
Les résultats définitifs du premier tour des élections législatives et de la présidentielle qui se sont déroulées mardi au Libéria seront connus dans les prochaines heures. Un scrutin qui prouve que le pire n’est pas une fatalité en Afrique. Au micro d’Europe1, la chronique du rédacteur-en-chef international du JDD, François Clemenceau.
L'ancien footballeur du PSG George Weah pourrait succéder à Ellen Johnson Sirleaf. (Reuters) |
Ce qui vient de se passer au Libéria est assez exemplaire. Voilà un petit pays largement ignoré du reste du monde alors qu’il s’agit de la première république fondée sur le continent au 19e siècle. Coincé entre la Guinée, la Côte d’Ivoire et le Sierra Leone, il a vécu les horreurs de deux guerres civiles qui ont fait près de 300.000 morts. A peine la démocratie retrouvée, le Libéria a été endeuillé par l’épidémie du virus Ebola : 4.800 morts en quelques mois. Avec près de la moitié de sa population obligée de fuir, c’est, proportionnellement évidemment, comme si la France avait connu en moins de trente ans au moins 5 millions de morts dans la guerre et 50.000 morts dans une épidémie.
Or, dans ce pays qui n’a connu le retour à la démocratie qu’il y a huit ans, après avoir élu une première femme présidente sur le continent africain, le scrutin qui vient de se tenir prouve que le pouvoir peut se transmettre pacifiquement. Il faut dire que la présidente qui s’en va est une femme exceptionnelle.
George Weah bientôt au pouvoir?
Ellen Johnson Sirleaf s’en va à l’âge de 79 ans. C’est une économiste formée aux Etats-Unis comme une partie de l’élite du Libéria. Mais aussi une femme battue par son mari qui est devenue ministre des Finances puis cadre de haut niveau à la Banque mondiale. Pacifique, déterminée, pragmatique aussi, elle a bénéficié de ses réseaux aux Nations Unies pour pacifier son pays même si elle a dû accepter, de gré ou de force, que certains chefs de milices restent en liberté et se mettent à faire de la politique.
Mais son prix Nobel de la paix 2011 n’est pas usurpé. Si, en toute logique, son ancien adversaire, l’ancien footballeur du PSG George Weah lui succède, c’est à elle que l’on doit avant tout cette continuité démocratique dans un pays extrêmement pauvre où la tentation de la violence reste très forte.
C'est un exemple en somme pour les autres pays de la région. Quand on voit ce qui se passe effectivement au Congo-Brazzaville ou au Congo Kinshasa, au Cameroun, au Togo ou au Tchad, avec des dirigeants qui ne peuvent s’empêcher de réformer les codes et les textes pour pouvoir s’accrocher au pouvoir sous des prétextes de stabilité qu’ils ont eux-mêmes contribué à mettre en danger, on se dit que le Libéria, plus petit et moins stratégique certes, mérite une mention spéciale.
Par François Clemenceau ©lejdd.fr - le 12 octobre 2017, modifié à 07h21 , le 12 octobre 2017
Par François Clemenceau ©lejdd.fr - le 12 octobre 2017, modifié à 07h21 , le 12 octobre 2017