Bien que le nombre de cas de peste signalés dans le pays diminue depuis 2013, les formes les plus graves sont en augmentation. Alors qu...
Bien que le nombre de cas de peste signalés dans le pays diminue depuis 2013, les formes les plus graves sont en augmentation.
Alors que le dernier cas français remonte à 1945, Madagascar fait face à son épidémie annuelle de peste. Cette année, le bilan de l’épidémie qui affecte depuis plus d’un mois l’île de Madagascar continue de s’aggraver et s’élevait mercredi 4 octobre à 30 morts, selon les derniers chiffres publiés par le ministère de la Santé malgache. «Nous avons enregistré 194 cas suspects de peste, dont 30 décès dans tout Madagascar depuis le mois d’août», a déclaré à l’AFP un responsable du ministère, le Dr Manitra Rakotoarivony.
La flambée épidémique a démarré après le décès d’un homme de 31 ans à 50 kilomètres au nord-ouest de la capitale Antananarivo. L’épidémie, qui a débuté au mois d’août, s’est propagée «aux grandes zones urbaines, contrairement aux précédentes épidémies», selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
Entre le 23 août et le 30 septembre, 73 cas de peste pulmonaire ont été notifiés, dont 17 décès, ainsi que 58 cas de peste bubonique avec 7 décès. Un cas supplémentaire de peste septicémique a également été signalé et un autre dont le type n’a pas été précisé.
Mort très rapide
La forme bubonique se contracte par des morsures de puces infectées par la bactérie Yersinia pestis. Le patient contaminé présente des ganglions gonflés près de la morsure, qui virent au noir (d’où le nom de peste noire). Si l’infection est prise à temps tôt par antibiotiques, le décès peut être évité. Mais si la prise en charge tarde, le malade risque la septicémie ou la migration de la bactérie dans les poumons, ce qui entraîne alors une mort rapide (en 48 à 72 heures). La forme bubonique ne se transmet pas d’homme à homme, contrairement à la version pulmonaire, transmissible par voie aérienne, qui s’avère fatale dans près de 100% des cas en l’absence de prise en charge très rapide.
Le Ministère malgache de la santé publique a activé des cellules de crise à Antananarivo et à Toamasina et tous les cas sont traités gratuitement. Le gouvernement a également adopté des mesures d’urgence pour tenter d’enrayer la progression de l’épidémie. Il a notamment interdit jusqu’à nouvel ordre les rassemblements publics dans les rues d’Antananarivo et mis en place des contrôles à l’aéroport de la capitale. Les investigations sur le terrain, la recherche des contacts, la surveillance et le suivi de tous les contacts proches ont également été renforcés. L’institut Pasteur a pour sa part annoncé l’envoi d’une équipe de Paris pour prêter main-forte aux autorités locales.
Les cas graves en augmentation
Madagascar reste le pays le plus touché au monde par cette maladie infectieuse, suivi par la République démocratique du Congo et le Pérou. En 2015, 275 cas avaient été recensés, dont 63 décès. Bien que le nombre de cas ait fortement diminué entre 2013 et 2016, passant de 675 cas dont 118 mortels à 62 cas dont 26 mortels, les formes graves (peste pulmonaire) conduisant au décès ont, elles, augmenté. Une hausse qui s’explique, selon l’OMS, par «une dégradation du système de santé liée à la crise sociopolitique qui a frappé le pays au cours des dernières années.»
Selon l’OMS, le risque de propagation internationale de la maladie semble très faible. Pour cette raison, l’organisation «ne préconise aucune restriction aux voyages ou aux échanges commerciaux avec Madagascar». Pour les voyageurs, le risque d’infection par Yersinia pestis est en général faible. En revanche, ceux qui vont dans les zones rurales des régions d’endémie de la peste peuvent être exposés au risque, particulièrement s’ils campent, s’ils chassent ou s’ils sont en contact avec des rongeurs. L’OMS leur recommande d’éviter les zones fortement peuplées ainsi que tout contact avec des animaux morts, des tissus ou matériels infectieux, et les contacts rapprochés avec des malades ayant une peste pulmonaire. Il leur est également conseillé de se protéger contre les piqûres de puce à l’aide de produits répulsifs utilisés pour les moustiques. Par Le figaro.fr avec AFP agence