Dans la publication antérieure, nous avons rappelé les 3 indices qui permettent de caractériser les pays émergents, selon la majorité des s...
Dans la publication antérieure, nous avons rappelé les 3 indices qui permettent de caractériser les pays émergents, selon la majorité des spécialistes.
Il s'agit d'abord du PIB (Produit intérieur brut) : un PIB qui doit être conséquent et surtout en progression très significative et durable, ce qui implique un rythme de croissance élevé, mais aussi une inflation maîtrisée avec une stabilité continue des prix etc.
Le 2nd indice concerne le taux d'investissement qui lui aussi doit être inscrit dans la durée et en croissance permanente : cela exige l'attractivité et la qualité de l'environnement global des affaires, et notamment un cadre réglementaire de qualité, rationnel , avec la promotion d'une administration publique, compétente et crédible, un système juridique et judiciaire fiable, respectant les droits de propriété et de contrats et sanctionnant l'illégalité, y compris la corruption et les pots de vin, la capacité à absorber et à adapter les nouvelles technologies, la promotion d'une main d’œuvre locale bien formée, qualifiée, l'existence de bonnes infrastructures (transports et surtout télécommunications etc.), une bonne image internationale et une bonne stabilité politique etc. etc. en somme tout ce qui peut attirer des investisseurs étrangers et leur donner confiance, afin que l'économie du pays émergent puisse profiter de la technologie étrangère et instituer une cohabitation gagnant-gagnant avec les investisseurs nationaux.
Le 3e indice relatif au taux d'exportation qui prend en compte la part des biens et des services, et surtout la part des exportations manufacturières à haute valeur ajoutée, par l'intermédiaire de sociétés cotées en bourse.
Au vu de ces 3 indices qui forment l'ISEME (Indice synthétique de l'émergence économique), très peu de pays notamment d'Afrique sont loin d'être éligibles à cette caractérisation d'émergence, malgré leur prétention politique.
Mais plus important que cela, l'état d'émergence ne coïncide pas avec celui du développement et de plus, les voies à mettre en œuvre sont loin d'être identiques : quelles priorités économiques sociales, humaines sont mises en avant par le projet politique ? L'investissement dans l'économique et l'exportation ou la santé, l'éducation par exemple ?
Sait-on suffisamment que la Chine qui constitue la 2e puissance économique mondiale, le 1er exportateur mondial et qui connaît une croissance faramineuse (même si elle est de -7% aujourd'hui) n'est pas considérée comme un pays développé ?
La Chine qui a su bénéficier du formidable monopole de l'état socialiste, d'un pouvoir politique absolu basé sur le parti communiste chinois, d'une main d’œuvre bon marché inépuisable, sans oublier une politique agressive d'accaparement de technologies étrangères, a pu prendre un grand essor économique dans ce qu'on a pu appeler le « socialisme de marché », mais n'a pu encore gagner la guerre contre le sous développement : la grande pauvreté n'est pas éradiquée (24 millions de personnes vivent au-dessous du seuil de pauvreté avec un PIB par habitant de 1317 euros (81e rang mondial), peu de protection sociale et notamment un système de santé et de sécurité sociale embryonnaire, avec un système de retraite quasi-inexistant, très peu de prestations sociales pour soutenir les citoyens dans les besoins d'éducation et de santé, et du retard en matière de l'enseignement supérieur, la recherche et la maîtrise des techniques et des sciences par rapport au monde développé...
De plus, un des éléments le plus frappant concerne la répartition de la richesse créée dans le pays, au sein de la population : la richesse bénéficie t-elle aux besoins de l'ensemble des citoyens ou est-elle plutôt accaparée par une minorité ?
Le coefficient de Gini permet de mesurer de 0 à 1, les inégalités et disparités de revenu ( salaire, niveau de vie ), : ce coefficient est de 0,40 pour la Chine, 0,41 pour les USA, 0,28 pour l'Allemagne, 0,33 en Inde et 0,58 au Brésil.
Le coefficient est nul si dans un pays il y a une égalité de revenus parfaite pour tous les habitants et plus l'indice de Gini est élevé, plus l'inégalité de richesses est importante : ainsi on voit une concentration des richesses plus importante en Chine qu 'en Allemagne, un vieux pays capitaliste.
Nous voyons ainsi que la voie de l'émergence même si elle est réussie ne permet pas de lutter contre le sous-développement, elle est différente d'une voie de développement basée sur la lutte contre la pauvreté, pour la formation et l'éducation, pour l’élévation du niveau d'instruction et de santé de la population, pour l'instauration d'un état de droit, de respect des droits humains et privés, pour l’élévation du niveau de l'espérance de vie.
Certes ce ne sont pas deux schémas de développement contradictoires et antagoniques, mais l'ambition humaine et sociale doit être la priorité de tout projet politique et économique, et si elle n'en est pas le principal moteur, alors l'émergence, appelez-le comme vous voulez, n'aboutira qu'à mettre en place un système économique dépendant de l'extérieur au profit d'une minorité de politiques et de riches.
Enfin, et cela les économistes des pays en voie de développement sont de plus en plus unanimes à le reconnaître : le facteur endogène, ici la qualité du leadership politique local est considérée comme élément déterminant dans les facteurs de développement : S'agit-il d' un leadership honnête, compétent, humaniste, altruiste et déterminé à mener les réformes économiques, sociales et humaines, susceptibles de poser les bases d'un projet politique, économique et social et de mener le pays vers la démocratie et le développement ?
That is the question !!!
De Kamaroudine ABDALLAH PAUNE
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