Les Assises Nationales doivent servir de voie pour éclairer l'avenir
Au moment où chacun se pose la question de l'opportunité de la tenue des Assises Nationales et où tout le monde ne parle que de révision constitutionnelle, en l'occurrence la nation se fige tandis que les besoins spécifiques pour l'ancrage certain dans un monde en perpétuelle évolution s'imposent. Faire le bilan des années écoulées est une impérative et atteindra son objectif que lorsque chacun cessera de penser à l'intérêt que tirera l'autre mais beaucoup plus à un intérêt supérieur et général.
Thoueybat Hilali |
Les 42 ans d'indépendance avec des embûches certes temporisés par des tâtonnements sans perspective réelle, sont loin d'être parfaites y compris les 17 années de la tournante qui n'ont consolidés ni l'économie ni la patrie tandis que le régionalisme est plus que conforté. Aucun Etat ne peut se faire valoir sur une base multiple et discriminatoire, seul un Etat fort et démocratique peut se faire respecter comme seul intermédiaire à l'international.
Pour paraphraser l'ancien Premier ministre français Dominique de Villepin qui nous a récemment rappelé à propos d'une autre région du monde où les divergences sont courantes "que seule la vérité permet l'action. Nous ne construirons pas la paix sur des mensonges " pourtant les Comores a tant besoin d'un climat apaisé et loin des accusations instrumentalisées où les mots dont leur sens en sont dépourvus ou sciemment détournés pour répondre uniquement à des petits intérêts partisans.
Les 42 ans d'indépendance et de souveraineté.
- Le tissu sociale économique est fortement supporté par la force de la tradition en est la résiliante mais à quel prix ? Certes, au détriment du renforcement des capacités et des ressources humaines pourtant tant nécessaire pour tout développement. L'économie de rente tournée autour de quelques grands opérateurs économiques n'a certainement pas permis le décollage économique du pays, elle fut en revanche une des nombreuses causes. Pourtant les Comores avait sans doute en ces temps de fédéralisme les mêmes atouts qui ont permis la réussite de ses voisins régionaux à savoir l'île Maurice et les Seychelles. Si la mer et le soleil sont ailleurs source de fortune et de stabilité, aux Comores, le manque de structures éducationnelles adaptées et sanitaires, aggravé par l'absence d'infrastructure et l'instabilité politique chronique l'ont fortement ralenti.
- La présence mercenariale et son corolaire les coups d'Etat ont fortement terni l'image des Comores tandis que chaque système politique mis en place ne cherchant qu'à se maintenir pour quelques privilèges souvent et toujours au détriment des plus nombreux.
- Enfin la question de Mayotte est tenue par les uns et pour les autres pour l'alpha et l'oméga de chaque instant pour ne pas dire la cause du non avancement et du sous développement des Comores.
Les 17 ans de la tournante et son corolaire la montée du régionalisme.
Un système implanté comme chacun le sait après les événements graves de 1997 ayant engendrés la crise sécessionniste de Moheli suivie par celle d'Anjouan. Un système qui véhicule encore des velléités régionalistes toujours au détriment de la nation. Chacun des acteurs ayant compris que l'île à laquelle échoue le pouvoir y trouve comme dans un jeu, le moyen de se refaire et toujours au détriment de la nation.
- Depuis le début de l'instauration de la tournante, chaque régime n'ayant favorisé que la création non considérée d'infrastructures dans l'île à laquelle échoue le pouvoir sans jamais l'accompagner de politique de rentabilisation de l'investissement et la conséquence est un gap profond dont le manque d'infrastructures adéquates, ne répondant pas aux besoins des populations et ne leur laissant pour échappatoire que le besoin de partir toujours plus loin voire par les kwasa kwasa de la mort.
- Avec une économie à bout de souffle, ne pouvant pas compter sur la production nationale mais toujours et encore sur l'aide internationale et sur les transferts financiers et des biens de la diaspora basée en France. les plus véreux n'ont trouvé que le moyen de vendre les joyaux de la nation pour s'ériger en plus fort face à la paupérisation du peuple, pourtant la terre reste encore fertile et la mer poissonneuse.
Depuis 42 ans de souveraineté, la présence des Comores sur la scène internationale aurait pu s'exprimer autrement mais elle est réduite à une politique de collecte, tandis que la France est encore son premier partenaire commercial et les acquisitions se comptabilisent sous forme de promesses et de dons dont celui de la Conférence de Maurice de 2005 avec ses 200 millions de dollars promis pour la démocratie, très vite balayé par celui de Doha en 2009 à échelle de 540 millions de dollars expulsé très vite lui aussi par des projets farfelus et insidieuses quand ils ne sont pas scandaleux comme le détournement des 360 millions de dollars provenant de la vente de la citoyenneté et des passeports aux Émirats Arabes Unis et au Koweit, pourtant c'est l'équivalent du budget national de cinq années ou l'équivalent à deux fois et demi le montant de la dette extérieure de quarante deux ans. Il faut aussi parler des appuis budgétaires occasionnels sous forme de don aussi, comme celui de 40 millions de dollars apportés par l'Arabie Saoudite en décembre 2015.
Les Comores souffre de sa dislocation, de sa désunion et de ses déséquilibres, la situation de Mayotte avec son PIB de plus de 2 milliards de dollars pour une population de 243 646 soit un tiers de la population de la partie souveraine, avec seulement un PIB de 616,7 millions de dollars, il est loin d'être suffisant, le changement s'impose ici aussi. Malgré que le droit internationale soit du côté de l'Etat comorien, il ne pourra pas ni séduire l'île soeur ni se faire respecter par elle, surtout dans ces conditions. Les Comores continuera encore à regarder vers Mayotte, à la revendiquer et à se mentira encore, en osant prétendre que les blessés de l'accident de la route d'Anjouan, abandonnés sur une plage de Mayotte le 2 août 2017 et qui fait le tour du monde. Personne ne peut croire qu'ils s'y sont rendu pour rendre visite à leurs familles maore. Leurs proches familles ne pourront même pas les assister dans leur malheur tout comme la regrettable situation des enfants mineurs délogés et abandonnés dans l'ile, et la conséquence est la fragilisation de leur vie.
A Moheli comme à Anjouan les opposants récusent les Assises Nationales et sèment le doute sur le principe même. Voudraient-elles que Mayotte les rejoigne ?
Sans une réelle rétrospection sans tabou, osant indexer les détournements, la corruption, les actes de haute trahison et le tout en mettant des mots aux maux afin de les exorciser, sans jamais omettre le respect de la diversité culturelle et économique de chaque Ile pour enfin parvenir à un vivre ensemble dans la concorde. C'est le prix de toute perspective d'une politique économique fiable et pérenne.
La situation peut s'améliorer et s'écrire autrement. Mayotte étant, peut devenir encore une partie prenante, avec sa spécificité certes, elle doit pouvoir participer ou contribuer à l'effort d'équilibre et à la stabilité de la nation. Chacun devant alors trouver un intérêt de développement dans les activités économiques et à l'équilibre social des îles tandis que le gouvernement central doit tout mettre en œuvre pour faciliter la circulation et le rapprochement des îles car la plus grande richesse y demeure dans ces rencontres et jamais l'inverse. C'est un devoir national d'asseoir une base saine et fiable, car respectueuse des normes internationales dans un Etat de droit affirmé afin d'attirer les capitaux à l'investissement pour que les Comores soit.
©Thoueybat Hilali
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