Azali porté par « le mouvement du 11 août » s'entête dans le projet de la tenue d'assises dites « nationales », mais qui en fait ne...
Azali porté par « le mouvement du 11 août » s'entête dans le projet de la tenue d'assises dites « nationales », mais qui en fait ne sont que des assises purement régionales de la Grande-Comore.
Des organisations et de nombreux Mohéliens et Anjouanais ont clairement pris position contre une démarche qui apparaît comme mal organisée, obscure et sectaire.
La 1ère question qui se pose avec acuité, c'est celle de la composition de ces assises : est-ce que les participants sont vraiment représentatifs des îles autonomes et de leurs desiderata ? Car, sans cette condition première, l'initiative devient une simple mascarade pour décider à la place des peuples de Mohéli et d'Anjouan.
La 2ème question est celle relative à l'ordre du jour : quels sont les points qui seront débattus et quelle importance leur est accordée ?
La 3ème question concerne la direction des débats, le format des discussions et la forme de prise de positions.
Et enfin, la question finale c'est celle du devenir des positions et recommandations qui seraient adoptées par ces assises qui en aucun cas, ne peuvent se muer en assemblée constituante.
Comme on voit, Azali en sautant sur l'initiative de ce « mouvement du 11 août » sans préparation préalable ni réflexion approfondie de sa part, ouvre la voie à une période faite d'incertitudes, de divisions et de conflits qui peuvent porter préjudice à une stabilité et une paix précieuses.
Ces assises feront peut-être le bilan de 42 ans d'indépendance en Grande Comore mais ne pourront en aucun cas faire notre bilan à nous, le bilan d'Anjouan :
Elles ne feront pas le bilan d'une indépendance qui représente une descente progressive en enfer en matière de pauvreté, de misère, de désespoir, de santé, d’éducation, de chômage des jeunes. Elles ne feront pas le bilan d'une indépendance qui a poussé les Anjouanais à fuir leur île pour les autres îles et surtout pour Mayotte, avec un prix exorbitant en vies et forces vives, payé à l'océan.
En effet, qu'est ce qui peut justifier cet horrible hécatombe qui décime les villages d'Anjouan, en emportant hommes, femmes dans la force de l'âge et enfants et en installant les survivants dans des conditions d'existence sordides dans l'humiliation, les brimades et les agressions de toutes sortes à Mayotte ?
Ces 42 ans d'indépendance justifient-ils une telle souffrance des Anjouanais ?
Pire, Anjouan a gagné d'être à la traîne de « Komor » et de Moroni en tout :
En matière économique d'abord : aucun projet d'envergure depuis le port construit par Ahmed Abdallah, aucune entreprise étrangère, nombreuses faillites des entreprises locales, à l'opposé de ce qui se passe en Ngazidja.
En matière administrative : les pouvoirs qui se sont succédé n'ont jamais renoncé à la centralisation de tous les services et de toutes les administrations à Moroni, faisant de la quête du moindre document de la part des Anjouanais, un parcours du combattant et de la continuité du territoire une véritable chimère.
Ces 42 années d'indépendance n'ont pas représenté l'existence d'un État uni, équilibré, et juste dans la répartition de ses richesses et atouts entre ses diverses composantes, mais l'existence de « Komor », une entité particulière, plus favorisée à côté des 2 autres : Mohéli et Anjouan, complètement sinistrées.
Ceux qui ont contribué à faire de ce pays créé de toutes pièces en 1956 par la France, un des pays les plus pauvres et un des plus assistés du monde, veulent aujourd'hui revenir au premier plan pour donner des leçons de bonne gouvernance.
Personne ne décidera de l'avenir d'Anjouan, sans les Anjouanais eux-mêmes !
Anjouan, n'a pas besoin d'un pouvoir centralisateur qui ne lui a jamais apporté quoi que ce soit, qu'il s'affuble de la coquille d'« émergence » ou d'une autre lubie. Elle n'a pas envie d'être encore et encore la dernière roue du carrosse, après « Komor ».
Si révision constitutionnelle il y a, elle doit se faire dans le sens d'une plus grande autonomie et souveraineté insulaire, pour qu'Anjouan puisse enfin s'engager dans son développement économique et social, en prenant en compte ses vrais problèmes spécifiques.
Anjouan n'a donné mandat à personne pour parler ni décider en son nom !
Ses intérêts sont diamétralement opposés à tout système politique, économique ou administratif qui ne donne la primauté institutionnelle aux composantes qui sont les entités insulaires.
Quoiqu'on en dise et on en pense, nous représentons par nos positions, les intérêts fondamentaux d'Anjouan, et quiconque voudra s'y opposer en imposant le contraire, l'apprendra à ses dépends et aux dépends de la concorde et de la paix de nos îles.
Vive l’Union des États des Comores et la souveraineté reconnue à chaque île !
La voix des Anjouanais en colère,
Anli Yachourtu JAFFAR