Le média qatari, qui compte plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs, est accusé d'encourager les violences aux abords des lie...
Le média qatari, qui compte plusieurs dizaines de millions de téléspectateurs, est accusé d'encourager les violences aux abords des lieux saints de Jérusalem.
Israël hausse le ton. L'État a annoncé dimanche 6 août son intention de fermer les bureaux de la chaîne d'information qatarie Al-Jazeera accusée d'avoir encouragé les récentes violences qui ont fait rage autour des lieux saints à Jérusalem. Pire, il est reproché à la chaîne de servir les intérêts des ennemis de l'État hébreu. Le média qui diffuse largement à l'international a dénoncé cette mesure « grave (...) de la part d'un État qui prétend être la seule démocratie du Moyen-Orient » et a annoncé qu'elle allait la contester en justice.
Depuis des années, Israël dénonce la partialité d'Al-Jazeera dans sa couverture du conflit qui l'oppose aux Palestiniens. Les attaques contre la chaîne ont connu une nouvelle escalade lorsque le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé fin juillet son intention d'expulser Al-Jazeera qu'il accuse d'avoir attisé les tensions autour de l'esplanade des Mosquées, lieu emblématique du conflit israélo-palestinien. Dimanche, le ministre israélien des Communications, Ayoub Kara, a affirmé lors d'une conférence de presse qu'Al-Jazeera est « devenue le principal outil de Daech, du Hamas, du Hezbollah et de l'Iran ».
"Incitation à la violence"
Le ministre a aussi affirmé qu'Al-Jazeera « a incité à la violence ce qui a provoqué des pertes parmi les meilleurs de nos fils », en faisant allusion aux deux policiers israéliens tués le 14 juillet aux abords de l'esplanade des Mosquées dans la vieille ville de Jérusalem par trois Arabes israéliens. « Ces derniers temps, presque tous les pays de la région notamment l'Arabie saoudite, l'Égypte et la Jordanie sont parvenus à la conclusion qu'Al-Jazeera incite au terrorisme et à l'extrémisme religieux, il était aberrant dans ces conditions que cette chaîne continue à émettre » à partir d'Israël, a ajouté le ministre.
Sur son compte Twitter, Benjamin Netanyahu a félicité le ministre des Communications « qui a pris sur mes instructions des mesures concrètes ». Parmi ces mesures figurent l'annulation par le bureau de presse gouvernemental des accréditations des journalistes ainsi qu'un arrêt des liaisons par câbles et satellitaires, a précisé le ministre. Une procédure va être également engagée par le ministre de la Sécurité intérieure en vue de la fermeture des bureaux de la chaîne à Jérusalem-ouest.
Limiter les transmissions
Les autorités israéliennes vont aussi tenter de limiter les capacités de transmission de la chaîne via des liaisons satellites « ouvertes qui permettent à la majorité des téléspectateurs de la communauté arabe israélienne d'avoir accès » à Al-Jazeera, a ajouté le ministère des Communications sans donner d'autres détails. Les Arabes israéliens, descendants des Palestiniens restés sur leurs terres à la création d'Israël en 1948, représentent 17,5 % de la population d'Israël, très majoritairement juive. Ils ont la nationalité israélienne et se plaignent de longue date de discrimination.
Des médias israéliens avaient évoqué récemment une possible tentative de fermeture d'Al-Jazeera tout en indiquant que la chaîne pourrait faire appel contre une telle mesure auprès de la Cour suprême. L'annonce contre Al-Jazeera survient après près de deux semaines de tensions autour de l'esplanade des Mosquées à Jérusalem-est, partie palestinienne de la ville occupée et annexée par Israël, où l'État hébreu avait installé un nouveau dispositif de sécurité à la grande fureur des Palestiniens. Ces derniers craignaient que cette mesure ne constitue un moyen pour Israël de renforcer son contrôle sur les lieux saints. Après d'intenses pressions internationales, Israël a fait machine arrière.
Al-Jazeera est aussi dans le collimateur de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de Bahreïn et de l'Égypte qui ont rompu avec le Qatar le 5 juin. Ils accusent l'émirat de « soutenir le terrorisme », mais surtout de se rapprocher de leur grand rival régional l'Iran. L'accès à Al-Jazeera, fondée il y a plus de 20 ans par le gouvernement du Qatar, a été bloqué dans ces pays. Ils ont également demandé au Qatar de fermer cette chaîne, une demande jugée « inacceptable » par le haut-commissaire de l'ONU aux droits de l'homme car « compromettant la liberté d'information ». Al-Jazeera dispose de près de 80 bureaux à travers le monde et diffuse dans plusieurs langues. Elle a été la caisse de résonance des mouvements du Printemps arabe. Ses détracteurs jugent sa ligne éditoriale trop favorable aux islamistes. ©AFP