Vivons-nous une malédiction ?

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Le développement est-il compatible avec la permanence du tragique?

Le développement est-il compatible avec la permanence du tragique?

Vivons-nous une malédiction ?

Cet état des lieux de l’irrationalité absolue n’a rien de surréaliste. Sans doute même en minorons-nous l’ampleur des dégâts et de leurs conséquences par insuffisance de maîtrise de la diversité des méfaits et des vecteurs qui les sous-tendent. Même si la répétitivité du tragique nous conduit à l’affirmation d’une Volonté divine, il y aurait un non sens, un déni même à nous absoudre de toute responsabilité dans l’inextricable situation où nous nous trouvons, celle héritée par le Président Azali, accumulation d’états des lieux de plus de quarante ans, jamais audités pour en mesurer l’ampleur, en extraire les signifiants et en définir les formes de lutte.
De G à D: Ikililou - Azali - Sambi
Et si, en tant que croyants, il n’y a aucune discussion à admettre que tout ce qui arrive à l’être humain, tout ce qui se produit dans l’Univers relève de la Volonté divine, il n’est pas non plus du tout contraire au Message divin d’affirmer que l’homme, doué expressément d’intelligence, capable de distinguer le bien du mal, est responsable de ses actes. Cette intelligence peut l’aider à se soustraire au poids des contingences et des perversions de leur précarité. Toute défaillance entraîne donc sa responsabilité. Et si la sanction de la justice des hommes fait défaut, c’est que la société concernée elle-même fonctionne mal. La Justice divine, elle, ne fait jamais défaut, mais elle n’est pas immédiate, échappe à l’appréciation des hommes, et l’imperfection originelle de l’être humain aidant, ce dernier succombe aux tentations, aidé par la défaillance de la justice humaine et par l’immatérialité de l’Ordre divin qui n’est maîtrisé que par très peu d’entre nous, eux-mêmes n’échappant pas à la dimension faillible originelle de l’homme. 
Ainsi, nos prêcheurs, membres initiés de la société civile, qui nous inondent de leur savoir dans nos médias, se doivent-ils d’adapter leurs propos à la vitale exigence de nous extraire de l’emprise des déterminismes en orientant davantage leurs interventions sur l’obligation pour chacun d’entre nous de se défaire du poids de la fatalité (notre intelligence, Don divin, a pour fonction de nous y aider). Le « aides-toi, le Ciel t’aidera » met en exergue cette responsabilité humaine dans la réussite de la vie tant au niveau de l’individu lui-même qu’à celui de la société en tant que Communauté d’individus. Tout, bien sûr, peut nous arriver par la Volonté divine, mais construire notre vie, participer activement à celle de la cité, agir pour le bien, pour l’intérêt collectif …., nous appartiennent ; ils sont possibles, même si dans cet espace du possible tout peut, à tout moment, s’inverser en vertu de la Volonté divine. 

« Émerger», mais au prix de l’exigence, de l’autorité et de la détermination

« Ni assistanat, ni mendicité, nous devons d’abord compter sur nous-mêmes, le président veut impliquer toutes les institutions dans une démarche commune de gouvernance », rapporte Youssouffa Mohamed Ali, directeur de cabinet chargé de la défense, dans une interview accordée au quotidien AL-WATWAN du vendredi 20 janvier. Si telle est la détermination du président Azali, s’ il est convaincu que la réussite est constitutive d’une démarche de rassemblement de toutes les forces et de toutes les intelligences, si enfin, après quarante ans (parenthèse d’Ali Soilihi), un président comorien se rend compte que ni l’assistanat, ni la mendicité ne nous mèneront nulle part, que nous devons nous relever par nous-mêmes, alors nous allons peut-être sortir du tunnel et « émerger », terme récemment employé par le président lui-même.

Le tragique que nous secrétons par nos comportements ne peut céder que par de nouveaux comportements responsables d’exigence et de détermination. Même si l’inversion de la situation sera très longue au regard de l’état de dégradation sans comparaison qu’est le nôtre, seule la volonté d’agir, d’affronter les formes de fatalismes, de mouvoir les inerties dégradantes, de mettre l’intérêt général au centre de toutes les décisions, dans une dynamique accordant la priorité à notre potentiel, fera contrepoids gagnant au tragique endogène. 

C’est un pari d’optimisme qui ne se gagnera que dans la pérennité de la détermination, bien au-delà d’un mandat de cinq ans. Cependant, rien n’est possible sans l’assainissement, plus précisément sans la lutte acharnée contre le tragique endogène. Cette longue marche en faveur du développement socioéconomique implique, a priori, la mise en valeur du foncier dont seuls, dit-on, 20% sont exploités. Une mise en valeur qui soulève la question des terres en friche appartenant souvent à des expatriés, qu’on peut faire exploiter par ceux qui n’en possèdent pas en faisant partager les revenus de la production, le tout dans un système d’incitation et de soutien par une institution qui ne serait pas forcément l’Etat ou par une entité privée. 

Même si l’exploitation rationnelle du foncier – qui a toujours été le socle du développement à travers les âges - demeure encore aujourd’hui, a fortiori pour un pays comme le nôtre, le pilier du développement socioéconomique, dans une perspective d’auto-suffisance alimentaire, de naissance d’une industrie de l’agroalimentaire mais aussi de débouchés d’écoulement pour assurer l’élévation du niveau de vie et d’ouverture des zones rurales, il est clair que l’époque de l’unique mise en valeur de la terre pour vivre est dépassée et qu’aujourd’hui le développement reste la succession pensée et rationnalisée d’un ensemble de créations planifiées pour répondre à des besoins toujours changeants tant dans leur diversité que dans leur volume.

Nos potentialités, celles des îles tropicales volcaniques, appartiennent à une nature généreuse et ne peuvent que nous donner satisfaction dès lors que les pratiques véreuses du tragique disparaîtront progressivement. C’est par la maîtrise de ce que nous possédons que se produira aisément l’appropriation technologique, aujourd’hui moteur du développement dans le monde comme le fut hier, sous d’autres cieux, la maîtrise de l’agriculture. Chemin qui nous est long, impliquant à tous les niveaux le dépassement des comportements de la précarité.

Réussite du Président Azali ou l’irréversibilité de l’inacceptable

Le Président Azali, qui n’a été élu que parce que son entourage et lui-même ont été, jusqu’au dernier moment, suffisamment vigilants et perspicaces pour ne pas être victimes du tragique culturel, endosse aujourd’hui la responsabilité pleine et entière de nous extraire d’une situation que d’aucuns jugent déjà irréversible tant elle est « nous » et nous, « elle ». Il en a la carrure, sa longue expérience antérieure de l’exercice du Pouvoir suprême lui en attribue les qualités et sa formation initiale lui a appris les vertus de l’exigence et de la détermination quand elles sont au service de l’intérêt général. Mais rien n’est possible dans la seule incantation oratoire, tout devient vain quand nous acceptons la résurgence du condamnable. 
Les moyens audiovisuels traditionnels pour s’adresser au peuple sont certes des vecteurs nécessaires comme le sont les réunions de stimulation, mais ils ne sont efficaces que dans un contexte déjà initié, assez pénétré des valeurs auxquelles nous voulons accéder. Nous, nous avons un « combat » à engager, seule notre mobilisation peut nous le faire gagner. L’échec du président Azali confirmerait, s’il en était besoin, l’hypothèse avancée de la damnation. LIRE LA PREMIÈRE PARTIE

Ali Mlamali, ancien ministre sous Ali Soilihi, enseignant aujourd’hui à la retraite
Nom

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