Sambi : Azali en a assez ?
Rupture en demi-teinte, attaques à peine voilées, pics à l'endroit de l'ancien président, « la guerre » contre le chiisme et «les dogmes» interdits par la loi. Azali a bien pris un joyeux plaisir pour caricaturer Sambi en se moquant de lui. Dans ses deux discours à Beit Salam, ce 6 juillet, on sent un chef d'Etat fatigué de l'attitude de celui qui l'a succédé au pouvoir en 2006 et qui a joué un rôle décisif pour son retour dix ans après à Beit Salam. Azali n'a pas manqué une seule métaphore pour dire «assez» à l'endroit de celui qui deviendra d'ici la fin de l'année le principal adversaire politique du régime.
Il ne l'a pas cité mais les grandes oreilles étaient bien collées aux discours. Le président dit avoir «regretté» la sortie médiatique « d'un allié » et par ailleurs « membre de la coalition gouvernementale» suite à la rupture des relations diplomatiques avec le Qatar. Sambi dérange et dérangera pire. Il devient même, pour certaines, une équation à solution inconnue…Un gêneprofond gagne le Colonel
Malgré le lourd passif de l'ayatollah notamment au sujet des milliards de la citoyenneté économique dont on ignore leur destination, il pourrait devenir «le successeur légitime» d'un régime qui agonise. Les Comoriens savent bien que Sambi est un vrai marchand de rêves mais il joue bon sur le thermomètre politique. Le fait, par exemple, que Sambi soit le seul à juger cette rupture dictée de «faute politique» lui permet d'engranger les recettes du désarroi d'un peuple tenaillé au quotidien.
Le chef de l'Etat a fait du classique dans son discours. On peut saluer sa fermeté contre les velléités séparatistes. Mais pas une grande annonce à part «les assises politiques» qui, selon lui, ne se limiteront pas sur la tournante comme cela est défendu par les griots du régime qui jouent les antennes relais dans nos chaumières mais «sur le bilan des 42 ans » d'indépendance.
«Chacun aura sa place. Tout le monde sera invité et même si on n'a pas reçu le carton d'invitation, (silence et joyeux sourire), il faut y retrouver sa place», dit-il non sans envoyer un pic à Sambi. Il s'est moqué de l'absence de l'Ayatollah à la fête. «On n'invitepas quelqu'un chez sois même si les autres vous y empêche», dixit Azali Assoumani en référence au «chiite non déclaré» sans le citer.
Azali donne, peut-être, une chance à «une réconciliation des cœurs» pour reconquérir la confiance perdue de Sambi sinon il finira par cracher «la rupture» avec l'ayatollah. C'est une question de timing. De quoi réjouir ceux qui sont dans les vestiaires qui attendent la fin de la première mi-temps pour enfiler les maillots pour s'aventurer dans le marigot de l'émergence.
Justement, comme c'est devenu son dada, il a répété 11 fois le mot « Emergence » sans y mettre du contenu, sans dégager la trajectoire ni définir les instruments d'accompagnement. Se limitant sur «un compter sur soi, sur un effort intérieur et à sur une conviction profonde pour y parvenir». Comme si le développement se fait seulement avec des implorations divines.
«Il ne faut pas entretenir la fatalité, nous pouvons réussir, les autres ont réussi, pourquoi pas nous ? Nous allons suivre la voie empruntée par les Seychelles et l'île Maurice», dit-il. «Et Yes wecan », renchérit Azali Assoumani. Barack Obama, lui, ne disait pas les choses et leur contraire ! En gros, et malgré une volonté de faire bouger les lignes, Azali risque, à moyen terme, d'être pris par quatre feux : Sambi, son ombre, l'émergence sans nuances et son incroyable impopularité.
Par A. S. Kemba
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