Le ANDA : Cette Abomination Naturelle de Désacralisation et d’Anorexie
Le ANDA a affecté tous; même les enfants. Et cela m’intrigue qu’un jeune contemporain raisonne comme le père de mon grand-père!
Le ANDA : Cette Abomination Naturelle de Désacralisation et d’Anorexie. Que du beau !! disait-on. Nous ne sommes sans ignorer que la vie se construit mais il ne se donne pas. Elle n’a jamais été un don du ciel. Ainsi, de tout ce qu'il est possible de concevoir dans le monde, et même en général hors du monde, il n’est rien qui puisse sans restriction être tenu pour bon, si ce n'est seulement une BONNE VOLONTÉ soumise aux exigences de la RAISON.
Nul n'est à l'abri de cet enthousiasme prodigieux, le ANDA, qui fait que l'on veut marcher sans savoir jusqu'où, à la suite d'une troupe bien disciplinée et résolue. Terme Nietzschéen LE TROUPEAU ! Ces effets sont bien connus, mais communément attribués au prestige de la patrie, naturellement présente ici à l'esprit de tous. CETTE MALADIE a affecté tous ; même les enfants. Et cela m’intrigue qu’un jeune moderne raisonne comme le père de mon grand-père ! J’hallucine ! Je crois que ce sentiment est proprement esthétique chez les comoriens; j’entends qu'il n'est ni fortifié ni même modifié par les pâles idées qui l'accompagnent, concernant le devoir et le sacrifice; tout au contraire, ces idées en sont illuminées et réchauffées; en sorte que l'objet réel du ANDA, c'est bien l'action même, commune, réglée, rythmée, enfin perçue et sentie par toute la surface de notre corps. Tout est parfait en cette danse ; l'ordre y est sensible ; la musique y est exactement adaptée ; la volonté de tous est perçue par chacun. Mais, Volonté de quoi?
D'agir en commun, sans rien d'autre ; gaspiller, ruiner nos économies encaissées dans une période de dix ans voire plus sous peine, en une journée et cela suffit pour que le bonheur de société soit éprouvé sans mesure, balayant tous les médiocres soucis, tout sentiment de faiblesse, toute crainte et enfin se sentir grand, combler de joie ? Je m’interroge formellement de savoir l’origine du Comorien. L'homme COMORIEN se sent et se perçoit avec les autres, invincible et immortel. Ce tambour (ANDA) le fait dieu, le fait homme intelligent, le fait homme raisonnable, le fait homme honorable, de toutes les qualités dans la mesure où il n’est pas intelligent celui qui n’a pas encore accompli son grand mariage. D’où vient cette culture ? De la religion comme basse de toutes les cultures ? Parce qu’on raisonne que c’est du beau ? Je renonce ici à définir le beau. Du moins ce défilé commun en donne un exemple incomparable.
Le sentiment de bonheur ne dépend point du tout de quelque idée sur les fins poursuivies ; l'opinion de chacun n'importe guère ; soyez instruit ou ignorant, cela n'y changera rien ; il faut ici penser et agir dans le bonheur le plus enivrant. Le comorien, il y est conduit par force ; mais il l'oublie aussitôt. Cette parade n'a nullement besoin de raisons ; elle est comme une croyance ; tu entres ou tu n’entres pas ; tu admets ou tu n’admets ; comme disait Saint Augustin : « il faut croire pour comprendre et non comprendre pour croire. » Résonnent-ils comme des tambours ; cette folie se suffit à elle-même ; elle s'affirme glorieusement.
Il n'y a qu'un remède contre cette calamité totale, c'est d'être ailleurs : tu le fais, tu es un homme intelligent et tu restes avec nous, sinon tu dois aller vivre ailleurs, ignorent, bête. Par ces caractères, je dis que sur cette chose comorienne, je dis bien cette chose, chacun y est pris. Chacun y sera pris. Oui les morts seront oubliés ; et les erreurs aussi ; et les mensonges ; la religion est mise à l’écart. J'ai vu récemment sur les murs du ANDA de ces dernières années une affiche honorable, mais qui vise à côté.
On y dénonce cette corruption des jeunes gens, visible par les spectacles et les chansons. Des Jeunes hommes qui ont été séparés de leurs familles, par des causes louables et loyales. Mais pour cette communauté, rien n’est louable et loyale que de débuter ou d’accomplir le grand Mariage. Pfft ! Quelle maladie honteuse ! Des jeunes, au lieu de penser et de fonder d’abord leurs avenirs, de structurer leurs familles, ils raisonnent comme le père de mon grand-père. Soudain, jetés dans l'ordre du comorien le plus effronté, le plus cynique, le plus maladif le plus puissant aussi par la hiérarchie, par la moquerie, par la domination des plus corrompus. L'homme comorien est dévêtu alors de ce qui l'orne et le protège : la sagesse. Dépouillé de toute pudeur, à l'âge où il faut que la pudeur soutienne la sagesse. D'un côté soumis à un pouvoir hautain et lointain qui ne voit en eux que moyen et matière : LA CORRUPTION ; et de l'autre soumis à un pouvoir d'opinion proche, familier, bientôt grossier par le règne des impudents et des brutaux : L’ORGUEIL.
Ainsi se forme et grandit de mois en mois un sauvage esprit de révolte de mépris, mais purement animal et bas, découronné, qui gronde et n'agit point ; cette mauvaise volonté sans tête est le pire des produits comoriens source du déséquilibre et de la défaillance au sein de nos gouvernements respectives. On me dira que quoi que je fasse mais je le ferai. OUI ou NON ! Mais avec un peu de patience quand même.
AHMED Takou, enseignant chercheur en philosophie