Réfugié syrien, il obtient la mention très bien au bac: "Ne parlant pas le français, j'ai dû traduire les cours"
Arrivé clandestinement de Syrie il y a deux ans et demi en France, Alexandre Samaan a décroché le bac avec mention très bien. Il était à l’honneur de Bourdin Direct, ce lundi.
Encore en Syrie il y a tout juste trois ans, Alexandre Samaan, originaire de Homs, est arrivé en France le 1er avril 2015. Scolarisé dans un établissement toulousain, il a brillamment passé les épreuves du baccalauréat et obtenu la mention très bien. Modèle d’intégration et de ténacité, il a répondu aux questions de Jean-Jacques Bourdin, ce lundi.
"Rester en Syrie aurait été encore plus dangereux"
La guerre faisant rage et les attentats contre les civils toujours plus nombreux, Alexandre Samaan franchit le pas alors qu’il est seulement âgé de 16 ans. Il part seul, après avoir payé un passeur 15.000 euros, pour tenter de rejoindre Toulouse, où un de ses frères se trouve depuis 4 ans. Sur le toit d’un camion, il traverse la Turquie, la Grèce, avant d’atteindre l’Autriche où il prend un train pour l’Allemagne, dernière étape avant la France. Il raconte. "Je suis parti seul. Tout le monde sait qu’il y a une guerre là-bas, et je viens d’une famille qui cherche la paix, cette guerre n’est pas la nôtre. Tout ce qu’on veut, c’est faire des études et travailler. Donc quand des attentats ont commencé quand j’étais à Homs, mes parents et moi avons décidé mon départ. Je suis parti avec l’accord de mes parents sur ce camion. Cela a été dangereux pendant les 45h de voyage, mais si j’étais resté en Syrie, ça aurait été pire".
"Je n'ai pas pris de cours de français"
45 heures de voyage sans pouvoir parler, ni manger, mais surtout sans boire, au terme desquelles il arrive en France, sans parler le moindre mot de français. Mais seul, avec une persévérance et une motivation remarquables, il va peu à peu apprendre, sans pour autant recevoir le moindre cours de langue. "Je n’ai pas pris de cours de français, je me suis inscrit directement en première, 4 mois après mon arrivée. J’ai galéré, ça a été très dur au début, une année très difficile. Mais j’ai eu la chance d’être dans une classe qui m’a beaucoup aidé".
"Je rentrais chez moi vers 18 heures, je prenais les cours des autres élèves, je les recopiais jusqu’à 22 heures avant de le traduire jusqu’à minuit. Je commençais seulement mes devoirs à minuit. Tous les soirs c’était le même rythme. Et certaines journées, je n’arrivais pas à tenir, j’étais fatigué", explique-t-il.
Ses efforts payent, il vient d’être diplômé avec mention très bien d’un baccalauréat scientifique, affichant des notes excellentes: 17 en SVT, 18 en maths, mais surtout 19 en physique-chimie, "sa spécialité". Il est à présent inscrit en médecine, à Limoges, avec comme objectif de réaliser son rêve, devenir neurochirurgien. "L’année prochaine sera la plus dure de ma vie, elle déterminera si je peux devenir neurochirurgien".
Bourdin Direct (avec T. Masson) - BFM TV