Violences à Mayotte: des enseignants exercent leur droit de retrait
Une rixe entre élèves d’un collège de Mamoudzou (chef-lieu de Mayotte) a éclaté mardi, poussant les enseignants de l'établissement à exercer leur droit de retrait devant la récurrence des violences en milieu scolaire dans l'île, a-t-on appris de source syndicale.
Arrivant sur les lieux, la police a subi des caillassages et a dû faire usage de gaz lacrymogène, a-t-elle confirmé à l'AFP. Une élève "aux poumons fragiles" a été évacuée à l’hôpital "par précaution", a indiqué la police.
Une situation "inquiétante" pour Quentin Sedes, secrétaire départemental de la CGT Educ’action, qui dénombre pour ce seul établissement "3 élèves partis avec le SAMU dernièrement, une CPE agressée il y a quelques jours, deux plaintes déposées contre trois élèves". Il dénonce la présence d’armes de toutes sortes (couteaux, antennes, joints de fenêtre, etc.) à l’intérieur de l'enceinte.
Le représentant syndical CGT du collège, Syphax Allek, a expliqué que ces violences étaient dues "à des rivalités entre jeunes de villages différents".
Le syndicaliste a ajouté que des éclats de violence ayant eu lieu jeudi dernier avaient incité la direction de l'établissement à supprimer une partie des cours de l’après-midi afin de limiter le nombre de navettes entre le collège et les villages rivaux car ces transports étaient souvent caillassés.
Une note interne de l’établissement que s'est procurée l’AFP, signée du principal du collège, mentionne des sorties de cours décalées entre les élèves des deux villages rivaux et invite l’ensemble des enseignants à "participer à la surveillance des élèves dans la cour et l’établissement". Cette demande est dénoncée par les syndicats, la surveillance dans ce cadre ne faisant pas partie des prérogatives des professeurs.
Pour Quentin Sedes, la surpopulation de l'établissement (1.700 élèves pour 1.100 places, selon lui) explique entre autres ces violences.
Selon la CGT Educ’action, entre 20 et 40% des agents de certains collèges de Mayotte étaient en grève mardi pour protester contre "une école à la dérive" et demander un "choc d’investissement public", mouvement social démenti par le vice-rectorat de Mayotte qui n'a dénombré aucun gréviste.
©AFP