Une autonomie financière, clé du succès pour une diplomatie autonome et efficace
Sans cette nécessaire autonomie, notre politique diplomatique dépendra des plus offrants en termes d'aide. Aussi, il convient de sortir de cette culture de l'assistanat que tous les présidents s’évertuent de promouvoir avec fierté en négligeant d'engager des réformes en profondeur.
La diplomatie comorienne ne doit plus être une politique godillot mais bien une politique active, transparente et active en termes de développement économique, d'emplois et d'investissement aux Comores.
Une rupture des relations avec le Qatar sans un travail de pédagogie, d'explication et ds raisons profondes de cette solidarité avec l'Arabie Saoudite est perçue par la population comorienne comme une politique de suivisme et d'assistant alors que les deux pays frères avec les Comores se sont impliqués dans des projets de développement avec l'Union des Comores notamment l'usine de pêche, les aides budgétaires financières pour payer 6mois d'arriérés salariaux sous la présidence Ahmed Abdallah, les retombées de la conférence de Doha pour le Qatar, l'aide budgétaire 40 millions d'euros de l'Arabie Saoudite pour éponger les arriérés salariaux sous la présidence Ikililou Dhoinine les dons divers notamment les groupes électrogènes pour l'électricité... Certes notre pays peut jouer les médiateurs entre les deux frères.
Il est inacceptable que notre diplomatie soit une stratégie de complaisance avec les pays qui aident le plus l'Union des Comores sans se préoccuper des intérêts économiques nationaux notamment il a nécessité de créer des emplois pour les jeunes et les moins jeunes.
Il est temps de sortir de la politique de la mendicité afin d'engager une politique diplomatique active, offensive économiquement et créatrice d'emplois et d'investissements durables. Pour ce faire, il est essentiel que l'Union des Comores commence par acquérir une véritable indépendance financière en mobilisant ses propres ressources financières internes. Les ressources fiscales et non fiscales doivent être mieux collectées et recouvrées. La lutte contre l'évasion fiscale et les détournements des deniers publics y compris le non respect des règles de passation des marchés publics, les surfacturations dans les sociétés d'État devra être une priorité nationale.
L'argent dormant dans les banques et établissements de crédit publics et assimilés peut être une amorce de création d'une Caisse de Dépôt des fonds dormants afin de financer les infrastructures et créer des activités industrielles nationales à capitaux publics et privés. Ces nouvelles activités économiques dans la transformation des produits locaux, halieutique et des produits de rente avec le développement d'une véritable filière touristique avec la mise en place d'une compagnie nationale de bateaux et d'avions peuvent non seulement relancer la création d'emplois, augmenter les recettes fiscales, créer de nouveaux revenus pour les opérateurs économiques mais également sortir les Comores de l'assistanat en les sortant du classement de statut de Pays les Moins Avancés à Pays à Revenus intermédiaires tel le Cap-Vert. La restauration d'une justice républicaine, égale pour tous et équitable devra être au coeur de cette nouvelle vision politique au même titre que l'exemplarité en politique et la méritocratie.
Sans cette nécessaire autonomie, notre politique diplomatique dépendra des plus offrants en termes d'aide. Aussi, il convient de sortir de cette culture de l'assistanat que tous les présidents s'évertuent de promouvoir avec fierté en négligeant d'engager des réformes en profondeur. Une telle attitude est condamnable quand des citoyens meurent dans notre propre mer à la recherche d'une meilleure vie tant en termes de santé, d'emplois, d'éducation et de pouvoir d'achat alors l'Union des Comores disposent de compétences humaines peu exploitées y compris celle de sa diaspora. Le développement de l'économie numérique, la transformation des richesses halieutiques et des produits de rente et essences naturelles, la valorisation de notre patrimoine naturel et historique pour contribuer à la naissance d'une véritable industrie touristique constituent des atouts indéniables pour relancer la création économique et créer de nouveaux emplois durables et de qualité. Cela suppose une politique nationale d'adaptation de la formation professionnelle et des contenus de l'enseignement scolaire et universitaire avec la professionnalisation des programmes.
La volonté politique reste primordiale pour réussir un tel projet.
Darchari MIKIDACHE