Sambi continue de jouer avec les institutions et marque une nouvelle fois son mépris pour la démocratie et le peuple comorien
La création récente d'une commission parlementaire aux Comores est en effet un point positif mais les cinq députés qui la composent vont avoir devant eux des obstacles difficiles à surmonter. Les sommes en jeu, on ne le dira jamais assez sont colossales, on évoque des chiffres qui porteraient sur pas moins de 364 millions de dollars, de 6 à 7 fois le budget des Comores!
Photo d'archives. L'ancien président Sambi |
Ces sommes ont été versées sous les régimes Sambi et Ikililou et à cet égard une observation générale s'impose: "Comment un responsable politique, forcément conscient de l'énormité des sommes en jeu pouvait il accepter la non transparence dans la gestion de celles ci sinon parce qu'il allait "se servir" au détriment du peuple. C'est clair, il n'y a pas d'autre motif.
Ceci étant exposé il est clair également que le respect de la justice impose l'impartialité, la règle vaut pour tous; Récemment en France un ministre était supposé d'emplois fictifs, pour se défendre il a démissionné et les membres de son parti ont fait de même. C'est le seul moyen d'éviter toute interférence avec les faits. C'est un point de droit élémentaire. Mais pour l'appliquer il faut avoir une véritable conscience de sa mission, et sans doute aussi une conscience.
Or le cas comorien est à cet égard inquiétant. En effet la Commission d'enquête parlementaire ne peut pas fonctionner sans le support technique du Ministre de la Justice. C'est clair là aussi. Or Fahmi Saïd Ibrahim, actuel ministre de la Justice est membre du Part Juwa et à ce tître c'est donc un affidé de Sambi. A l'évidence il y a là un conflit d'intérêt inacceptable.
Et ce n'est pas tout, il est encore évident que la commission parlementaire devra procéder à l'interrogatoire du signataire des accords, or cet homme lige n'est autre que M. Dossar, actuel ministre des affaires étrangères et c'est lui qui fut le signataire des deux contrats entre les Emirats, le Koweit et les Comores!
On imagine les dialogues avec un malaise évident. Les deux ministres auraient dû résigner leurs fonctions sans attendre. Il s'agit de la dignité des Comores, de la dignité de la Justice, les visages de Fahmi et de Dossar offrent la caricature d'une mascarade ourdie par Sambi!!
Ce n'est pas acceptable et ce déni de démocratie et de justice est d'un tel enjeu que la présence de ces deux hommes au gouvernement n'est plus supportable, ils doivent présenter leur démission.
Faut il rappeler que la corruption est un crime dont tous les comoriens et notre jeunesse sont les premières victimes et cette corruption réduit toute perspective de développement.
Le monde a changé, tout se sait et chacun nous regarde. L'affaire des passeports a fait couler beaucoup d'encre, certains documents comoriens se sont retrouvés entre les mains de terroristes présumés, jetant l'opprobre sur de nombreux citoyens de la diaspora. C'est assez il faut désormais que la justice passe et que la Commission Parlementaire puisse faire son travail sereinement, pour cela il n'y a pas d’échappatoire. Les hommes de Sambi doivent quitter leurs fonctions et ce sera un premier pas. D'autres suivront et la vérité sera douloureuse pour beaucoup car n'oublions pas que les 364 millions de dollars ont bien atterri quelque part et il est probable que Sambi et Dossar auront à ce titre des comptes à rendre.
Saïd HILALI
27 juin 2017