MAYOTTE ON L’AIME MAIS ON NE VEUT PAS D’EUX !!!
Ce titre pourrait résumer l’état d’esprit et les positions qui existent au sein d’un même et unique peuple. D’un côté, Mohéliens, Anjouanais et Grand Comoriens veulent Mayotte sans avoir mis en place une démarche facile et réaliste pour rencontrer les Mahorais.
De l’autre, ces derniers sont tenaillés entre la réalité de leur appartenance à une entité géographique, politico-historique, religieuse, culturelle, linguistique… et leur volonté manifeste de s’en éloigner. Je n’aurai pas exagéré en disant que parfois on peut avoir l’impression, en analysant certains propos, que si certains Mahorais pouvaient pousser l’île, comme une voiture qui ne démarre pas, pour l’en éloigner du reste de l’archipel, ils l’auraient fait à tous prix.
Mais l’histoire des quatre îles des Comores ne débute pas en 1841 et encore moins en 1975. Elle est millénaire. Et bien que l’on cherche souvent à exploiter des différences de taille microscopique pour en faire les piliers de cette fracture, le patrimoine commun domine à 99% au sein de la population de cet archipel. Dès lors, Mahorais et autres Comoriens sont condamnés à vivre ensembles car, quel que soit la couleur du passeport qu’ils possèdent, ils ne peuvent s’éviter dans leurs espaces de vie. Œuvrer pour une cohabitation demeure la seule démarche pragmatique au-delà des considérations politiques.
Pour parler avec les Mahorais, il faut les rencontrer. Et aujourd’hui, les seuls espaces géographiques appropriés pour ce dialogue sont Mayotte, le reste des Comores et la France métropolitaine. Jusqu’à présent, les occasions de ces rencontres ont été plutôt chargées d’incidents émotionnels au lieu d’être conduites par la raison et la nécessité.
Il est donc légitime de s’interroger :
- - jusqu’à quand Mahorais et autres Comoriens s’observeront en « chiens de faïence » ?
- - existe-t-il d’autres domaines de convergence possibles en dehors des considérations politiques?
- - Mahorais et autres Comoriens peuvent-ils se rencontrer sans que les uns soient imposés aux autres ?
Certains domaines peuvent apparaître comme des pistes de réflexion.
- 1) L’éducation : elle est un vecteur fondamental et une source d’échange et de partenariat
- 2) Les sports et les loisirs : ce sont deux secteurs qui touchent surtout la jeunesse
- 3) Les liens familiaux : n’est-il pas dit que deux Mahorais sur trois ont un parent originaire des autres îles ? Or, on sait que les déchirures familiales sont parmi les raisons qui ont poussé les Allemands à se retrouver. On peut aussi citer Macao et d’autres territoires. La force du lien de sang conduira-t-elle un jour Coréens, Comoriens et d’autres à envisager pacifiquement un avenir commun ?
- 4) Les pratiques religieuses : Mahorais et autres Comoriens ne partagent-ils pas les mêmes valeurs ? Pour mémoire, je me souviens de l’arrivée à l’aéroport de Hahaya, d’une délégation de pèlerins originaires de Mayotte. Comment expliquer que l’arrivée d’une aussi grande délégation ne soit pas l’occasion d’un grand accueil et d’une rencontre avec les responsables locaux ?
- 5) Les échanges à un niveau local : la structure urbaine des villes et villages mahorais ressemble beaucoup plus au reste des Comores que nulle part ailleurs dans le monde. Pourquoi ne pas partager des idées et de l’expérience sur la gestion d’un espace similaires avec des enjeux et des moyens différents?
Plusieurs solutions semblent possibles pour créer un dialogue constructif au sein de l’archipel des Comores. Et pour y parvenir, certains préalables demeurent entre Mahorais et le reste des Comores. Pour celles et ceux qui se retrouveront dans cette réflexion, une question s’impose : pour retrouver rapidement ses proches, faut-il prendre un chemin sous forme de triangle ou de segment ?
MOHAMED CHANFI