Un climat délétère pèse sur l'or noir de Madagascar
Vols, lynchages, meurtres, la vanille et l'argent qu'elle représente créent la psychose à Madagascar. Lundi 15 mai, à l'occasion de l'ouverture de la campagne de récolte dans certaines zones de l'île, le Premier ministre malgache a prévenu : « De lourdes sanctions seront appliquées contre ceux dont l'appartenance ou la complicité avec ces réseaux sont prouvées ». Dans le viseur du chef de gouvernement, « les responsables locaux » dont l'implication a été plusieurs fois démontrée. Une mise en garde sans précédent qui ravit les différents acteurs de la filière.
A raison de plus de 200 euros le kilo de vanille de Madagascar transformée, les enjeux financiers et économiques sont colossaux. © RIJASOLO / AFP |
Exportateurs, collecteurs, planteurs, tous sont unanimes : les déclarations du Premier ministre Olivier Mahafaly démontrent un changement d'attitude au plus haut niveau. Gabriel Sarasin est le représentant de l'ONG NCBA Clusa, qui travaille à professionnaliser et renforcer la filière vanille à travers les coopératives agricoles. « Le Premier ministre a directement pointé du doigt certaines autorités locales qui seraient directement impliquées dans le trafic de vanille, explique-t-il. Ce qui est une prise de position très forte qu'on n'avait pas nécessairement vue dans le passé. Il promet des sanctions très sévères pour les contrevenants à la loi, une nécessité pour assainir la filière vanille en ce moment. »
Un assainissement nécessaire pour garantir la pérennité. D'après l'ONG, le travail est immense ne serait-ce qu'au niveau de la traçabilité de la vanille, et s'assurer que celle exportée n'a pas été volée : « C'est une situation extrêmement tendue dans les villages où il y a de la vanille. Les gens dorment dans leurs champs depuis février. Les producteurs avec qui l'on travaille nous rapportent une augmentation significative des vols de vanille qui peuvent mener à des violences et même à tuer. »
Une situation similaire à 2003, quand les prix avaient flambé. A l'époque, le kilo de vanille préparée avait franchi les 500 dollars. Comme en 2016. A ceci près qu'en 2016, d'après le Groupement des exportateurs de vanille, jamais la gousse malgache n'avait atteint un si faible niveau de qualité.
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