La propriété de Younoussa Bamana serait une des causes de la crise de l’eau à Mayotte

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La propriété de Younoussa Bamana serait une des causes de la crise de l’eau à Mayotte

Crise de l’eau à Mayotte : la sécheresse n’est pas seule responsable

Fin février, la ministre des Outre-mer a signé avec le président du syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM) le « Plan eau Mayotte». Une mesure d’urgence pour faire face à une longue pénurie en eau potable qui n'a pas pour seule explication les fortes sécheresses. Sur les bancs des accusés, siègent aussi l'Etat et les collectivités.

Des déchets non ramassés, des routes défoncées, des maisons inachevées, des bidonvilles… Quand on arrive à Mayotte, venant de Métropole, on a tout d’abord une drôle d’impression d’inorganisation. Plus loin sur le bord de la route, on voit des personnes assemblées le long de rampes d’eau équipées de robinets, pour remplir des seaux et des bidons.

Cette première impression s’amplifie en tournant le robinet de la salle de bains. L’eau est coupée. Plus de deux mois et demi que cela dure ! Une situation totalement incroyable en France métropolitaine.

Des taux de pluviométrie pourtant suffisants

Comment un syndicat mixte d’alimentation en eau potable peut-il en arriver là ? « Cette situation s’explique par le déficit de pluviométrie. Cette problématique climatique n’est pas spécifique à Mayotte, elle est générale à tout l’Océan indien » explique simplement Michel Jousset, directeur général des services du Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte (SIEAM). La météo serait donc la seule et unique responsable de cette situation. Cette version officielle a prévalu pendant toute la crise de l’eau. Une explication pourtant très partielle.

Sans nier le déficit en eau, d’autres régions de France ont subi des sécheresses, sans pour autant couper l’eau du robinet. Sur place, on constate que l’île, loin d’être désertique, est luxuriante. Elle enregistre même des taux moyens de pluviométrie bien supérieurs à la métropole : 1 700 mm par an au Nord et 1 100 mm par an au Sud. En comparaison, la pluviométrie moyenne à Rennes est de 694 mm. Et La Réunion, île voisine touchée également par un déficit pluviométrique, n’a, elle, pas connu cet hiver de coupures d’eau.

« Non aux coupures d’eau et aux incapables ! »

« Dans le Sud, la pluviométrie a atteint plus de 900 mm cette année. C’est uniquement une question de volonté politique. Depuis 2006, le SIEAM n’a rien fait » déclare Houlam Chamssidine, président de Mayotte Nature environnement et chef de projet des infrastructures hydrauliques au conseil départemental de 2009 à 2011.

Les banderoles des usagers sont d’ailleurs assez explicites sur ce point et vont dans le même sens : « Non aux coupures d’eau et aux incapables ! ».

Certes, l’eau à Mayotte provient essentiellement des eaux de surface. Mais c’est aussi le cas en Bretagne par exemple. Deux retenues collinaires (Combani et Dzoumogné) fournissent 80 % de la production. Le reste provient des forages (18 %) et d’une unité de dessalement de l’eau de mer (pour alimenter la petite île de Petite Terre). Dzoumogné, le plus grand barrage (2,5 millions de m3) au Nord, a été construit en 2000. Combani, au centre, date de 1998 et fournit 1,5 million de m3. « Tous ces ouvrages ont été construits avant la décentralisation de 2002 et ont été donnés au SIEAM pour 1 euro symbolique. Depuis, il n’a fait aucun investissement » déplore Houlam Chamssidine.

Une retenue d’eau bloquée pour ne pas noyer la propriété d’un élu

Pourtant depuis 2006, le schéma directeur d’eau potable de Mayotte a bien pointé du doigt le sous-dimensionnement de ces équipements. Une troisième retenue collinaire de 3,5 millions de m3 sur l’Ourovéni est ainsi en projet depuis de nombreuses années. Pourquoi ce projet n’a toujours pas abouti ?

Michel Jousset juge que c’est avant tout un problème de financement. Le projet de retenue coûterait environ 32 millions d’euros. Mais Houlam Chamssidine évoque, lui, une toute autre cause.

« Cette retenue n’a pas été construite car elle noierait la propriété d’une imminente personnalité politique, Younoussa Bamana, président du conseil départemental, de 1976 à 2004. C’est pour cela que les élus n’ont pas votée la DUP, pour ne pas offenser le père de la départementalisation. Son décès en 2007 n’a rien changé, car il a 22 enfants qui ont une capacité d’influence importante. L’une de ses filles par exemple est maire de Sada, commune du Sud, première à crier contre le manque d’eau, mais opposée à cette construction. Il fallait trouver une solution à ce problème foncier. Or, Mayotte ne s’est pas donné les moyens de le faire » regrette Houlam Chamssidine, qui estime que les Mahorais sont pleinement responsables de la situation actuelle.

Une île abandonnée par ses élus

Il va même plus loin, estimant que cette crise de l’eau ne serait que le sommet de l’iceberg des problèmes d’une île à la dérive, abandonnée par ses élus. « Le SIEAM est une banque pour financer les partis politiques. D’ailleurs un autre syndicat, le SMIAM, en charge de la construction des écoles a dû être dissous en 2015 par la préfecture face à des soupçons de détournements de fonds publics » dénonce Houlam Chamssidine.

Le rapport de la Cour des comptes de 2016 ne dit pas le contraire, estimant que « le fonctionnement et les résultats du SMIAM ont fait apparaître de nombreuses insuffisances ». Alors qu’il avait la capacité de construire environ 65 classes par an, « seulement 29 classes ont été construites en 2011 et 2012 ». La Cour des comptes préconise de réintroduire l’État dans la nouvelle structure.

Le président du comité de bassin mis en examen

Mayotte est le seul DOM qui ne dispose pas d’Office de l’eau. En revanche, elle a un comité de bassin, dont le secrétariat est assuré par la préfecture. Son actuel président est Ibrahim Boinahery, ancien président des maires de Mayotte et ancien maire de Tsingoni. En février dernier, il a été mis en examen pour détournement présumé de fonds publics. En même temps que Daniel Zaïdani, ancien président du conseil départemental.

Tous deux ont pourtant été investis par le mouvement pour le développement de Mayotte (MDM) pour les prochaines élections législatives.

Par Sylvie Luneau - Lagazettedescommunes
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