La grève des enseignants
La grève des enseignants de la primaire au secondaire, sa longueur surtout commence à susciter des questions quant à ses biens fondés et laisserait des doutes par rapport à ses motivations de base : paiement des arriérées de salaires, intégration de certains contractuels, et la promotion de certains agents de l’Etat ayant cumulé d’expérience mais dont leurs salaires restent misérables. Ce sont des revendications justes et urgentes. Mais l’Etat n’a-t-il pas accepté ces nobles doléances ?
Si l’Etat accepte de verser d’une manière progressive le montant qu’il doit aux fonctionnaires (405 millions de retard cumulés), c’est que les lignes ont bougé de son côté. Les enseignants connaissent pertinemment les méthodes et pratiques usées depuis de longues dates faisant que les fonctionnaires qui voient leurs salaires avancés, leurs carrières valorisées, cela se fait souvent en fonction de la proximité. Est-ce comme ça que ça se fait ? – Hélas, non ! Et comment y remédier ? – Il faut un travail méticuleux, et donc du temps, des loupes pour un très bon nettoyage.
Comment comprendre la durée que ce mouvement social prend aujourd’hui malgré la prise en compte des doléances formulées par le corps enseignant ? Comment les enseignants peuvent-ils nous faire comprendre qu’une réponse immédiate est possible sur la question des avancements ? Il n’est certes pas question, ici de rejeter le problème (c’est une situation qui lèse bon nombre de fonctionnaires), mais c’est une situation tout de même qui demande assez de moyens, trop de réflexions pour mettre en place un dispositif propre. La fonction publique l’a annoncé pendant plusieurs mois, bien avant cette grève, qu’elle procède à un « toilettage » au sein de l’institution.
Nombreux sont celles et ceux qui continuent à être payés ou indemnisés et ce, depuis de longues lurettes dans ce pays, sans qu’ils soient effectifs ou productifs, pire encore, qu’ils ne soient plus là à jamais.
On aurait aujourd’hui dénombré 400 enseignants fantômes dans le répertoire et ça ne doit pas s’arrêter là, ni dans le même secteur ni dans plusieurs autres. Quand on s’aperçoit que des fonctionnaires de l’Etat voient leurs salaires se rehausser du jour au lendemain, ce n’est pas un problème d’aujourd’hui. Il date de très longtemps. Quel a été le rôle des syndicats durant tout ce temps sur ce triste constant ? Si le gouvernement a accepté les doléances de l’intersyndicale, mais qu’il demande du temps, c’est une logique. Comment comprendre l’inflexibilité des enseignants d’ailleurs divisé au bout de trois semaines de grève ? L’intersyndicale aurait-elle d’autres motivations en arrière-fond des ses revendications ?
Les enseignants ayant repris le chemin de l’école ce mardi auraient-ils compris la déroute à laquelle aurait induit une grève illimitée quitte à être perçue comme de la rébellion purement politique ?
©Abdoulatuf Bacar