Réunion: Le "disparu" des Jeux des Îles devra rentrer aux Comores
SAINT-DENIS. Le dossier du sportif comorien transféré en centre de rétention à Mayotte a été débattu hier devant le tribunal administratif de Saint-Denis. Le juge a décidé de confirmer l'obligation de quitter le territoire.
Les étapes se sont rapidement succédé depuis son interpellation, mardi, par les gendarmes sur un chantier de construction où il venait de commencer à travailler. Mouhamadi Daou Bacar, sportif comorien en situation irrégulière depuis août 2015 et sa participation aux Jeux des Îles, n'avait pas regagné son île natale avec le reste de la délégation des Comores. Transféré à Mayotte, il comparaissait, hier, par visioconférence devant le tribunal administratif de Saint-Denis.
"S'est-il fait remarquer en plongeant dans la délinquance ? Non, il s'est fait remarquer par son coach car il courait tous les soirs à Champ-Fleuri. C'est un jeune de 22 ans doué qui est venu saisir sa chance à la Réunion", explique avec ferveur son avocat, Me Mihidoiri Ali. "Il s'est intégré dans un club où il a trouvé une nouvelle famille. Ils sont là aujourd'hui et depuis le début pour le soutenir".
Mercredi, alors qu'il avait été placé en rétention à l'Hôtel le Select (voir notre édition du 13 avril), les agents de la Police aux frontières (PAF) ont ordonné son transfert en catimini au centre de rétention de Mayotte.
"Il ne s'est jamais caché, il apparaissait dans la presse pour ses exploits sportifs. Le préfet ne pouvait pas l'ignorer car il lui a, lui-même, remis une coupe. Il est en situation irrégulière mais il n'est pas clandestin. Il a transmis une adresse, était-il nécessaire de le menotter et de le placer en rétention ? Il aurait pu être assigné à résidence", indique la robe noire. Le conseil contestait principalement l'obligation de quitter le territoire français et l'interdiction de revenir pendant deux ans.
Le représentant du préfet a pointé l'absence de démarche initiée par le coureur en vue de régulariser sa situation. "Le fait qu'il pratique une activité sportive de haut niveau ne justifie pas sa situation. Il ne remplit pas les conditions pour prétendre à une carte de séjour et ne présente pas les ressources suffisantes".
Le représentant du préfet de Mayotte a, lui, justifié le transfert du sportif par les travaux en cours dans le centre de rétention de la PAF de la Réunion. "Il n'a aucune attache à la Réunion et l'adresse qu'il a fournie ne suffit pas à garantir sa représentation en justice. Il y a de sérieux risques de fuite".
Après délibéré, le tribunal a finalement confirmé l'obligation de quitter le territoire français mais a annulé l'interdiction d'y revenir. Me Ali entend néanmoins formuler une demande d'asile. "Je crains que s'il retourne aux Comores, il subisse les conséquences de son choix de rester à la Réunion après les Jeux des Îles".
L'entraîneur de l'AC Entente du Nord, Jean-Claude Cita, quant à lui, est convoqué mercredi prochain par les services de la PAF.
Raphaëlle Lakia Soucalie - Retrouvez cet article sur le Journal de la Réunion