Madagascar: Pourquoi la communauté franco-indienne est victime d'agressions répétées
ATTAQUES Victime de préjugés, ces malgaches d'origine indienne demandent au gouvernement d'agir...
C’est l’enlèvement de trop pour la communauté indienne de Madagascar. Un Français de 16 ans d'origine indienne, a été kidnappé mercredi. La communauté s’est mobilisée pour demander au gouvernement d’agir pour renforcer leur sécurité.
Le président malgache Hery Rajaonarimampianina avant son discours à l'ONU le 22 septembre 2016. - Richard Drew/AP/SIPA |
Le jeune Firoze Nourbhay, lycéen en classe de première, a été enlevé par des hommes armés alors qu’il entrait dans son bus scolaire. Cet enlèvement a déclenché la colère de sa communauté.
Un ressortissant karana a été la cible d'attaque de bandits cagoulés à Antsiranana. #Madagascar— NewsPhoto (@NewsmadaPhotos) 12 avril 2017
« Pour nous, c’est une ligne rouge qui est franchie », prévient Pinou Cheraly, contacté par 20 Minutes. Ce chef d’entreprise est basé à Tananarive, la capitale du pays et membre de cette ethnie. « J’ai très mal vécu cet enlèvement. Depuis plus de 20 ans, notre communauté est victime d’enlèvement, de crimes crapuleux. Mais là, avec un gamin de 16 ans, on atteint un degré de violence… ! »
Des rançons conséquentes
Les indiens de Madagascar représentent une infime part de la population, autour de 20.000 personnes sur un pays qui compte 22 millions d’habitants. En malgache, on les appelle aussi « Karana », un terme péjoratif et perçu comme irrespectueux. On y trouve beaucoup de Français. Mais tous sont victimes de préjugés qui leur collent à la peau. « On constate les mêmes préjugés qu’avec la communauté juive. On pense qu’ils ont le contrôle de l’économie et qu’ils ont une vocation à contrôler le pays », explique Jean-Denis Boudot, porte-parole du collectif nouvellement créé des Français d’origine indienne de Madagascar. « C’est une forme de racisme. »
C’est sur cette croyance que les crimes crapuleux envers cette communauté se multiplient. En retour, les malfaiteurs espèrent obtenir des rançons conséquentes, en échange des personnes enlevées.
Depuis 2010, 90 Malgaches d’origine indienne ont été enlevés. Et d’après Pinou Cheraly, cela ne fait qu’empirer. « En une semaine, il y a eu deux assassinats et un enlèvement. Il faut que l’Etat bouge ». C’est aussi ce que pensent les 1.288 soutiens de la pétition lancée ce jeudi, adressée au Président Hery Rajaonarimampianina : « Nous demandons à l’Etat Malgache la sécurité pour tous à Madagascar ».
Un sentiment d’insécurité qui pousse déjà certaines familles à penser à leur départ vers des régions plus accueillantes, comme l’Ile Maurice ou La Réunion.
Lucie Bras - 20minutes.fr