Un hôpital de référence 650 lits qui n’aura rien à envier, paraît-il selon les dires de l’architecte mauricien qui en a conçu les plans, au...
Un hôpital de référence 650 lits qui n’aura rien à envier, paraît-il selon les dires de l’architecte mauricien qui en a conçu les plans, aux établissements hospitaliers américains ou européens… Un hôpital 7 étages, comment et pourquoi ?
Mrimdu évoque une volonté du président Azaly de marquer l’histoire du pays par la réalisation d’un tel ouvrage. S’agit-il alors de construire un hôpital dans trois ans et demi juste pour construire un hôpital, en tirer une quelconque satisfaction narcissique ou d’améliorer l’offre de soins et la qualité de la santé des Comoriens ?
Dans la première hypothèse, loin des symboles, on peut légitimement se demander, si d’un point de vue moral, et dans une logique de gestion rationnelle et comptable du pays, il est permis à un individu quelle que sa fonction d’engager les maigres finances publiques dans un tel dessin ?
Le président Azaly serait alors mal inspiré de vouloir marquer l’histoire des Comores de cette manière. Les Comores sont si pauvres pour faire l’économie d’une gestion rationnelle et cohérente de ses petites ressources.
La seconde hypothèse liant l’amélioration de l’offre de soins et de la qualité de la santé aux Comores à la réalisation de ce complexe hospitalier aux Comores n’est pas sans conteste. Elle se nourrit d’une confusion typiquement comorienne considérant que les murs de l’hôpital, une fois érigés, seront synonymes d’offre de soins et de qualité de santé meilleures. La pression sous laquelle se trouve le pouvoir de devoir fournir une feuille de route en mal d’inspiration le conduit à vouloir tout confondre : le lancement de nouvelles centrales électriques signerait la fin de la crise de l’énergie. La construction hypothétique d’un complexe hospitalier résoudrait alors comme par enchantement les nombreuses problématiques liées à l’offre de soins et à la santé aux Comores.
La feuille de route d’Azaly ne doit pas s’élaborer avec une telle légèreté. Il faut de la méthode et de la cohérence à moins d’une escroquerie intellectuelle vis-à-vis des comoriens. Un complexe hospitalier de 120 lits construit et livré par les chinois est en souffrance depuis plus de deux ans. On parle aujourd’hui seulement d’ouverture progressive le 26 mai 2017 prochain. Comment dans trois ans et demi, peut-on espérer mettre en place une grosse structure hospitalière cinq fois supérieure voire plus à ce que nous connaissons, qui nécessite plus de moyens, plus d’organisation et plus d’efficacité en termes de gestion ?
Au lieu de projeter les comoriens dans un avenir lointain au regard de vieux besoins urgents parfois simples mais difficiles à satisfaire, Azaly aurait mieux fait de consentir les efforts de l’Etat à améliorer l’existant pour donner à tout nouveau projet la dynamique et la cohérence indispensables. En quoi les murs d’une nouvelle structure hospitalière sont-ils une réponse à l’absence de moyens humains, matériels et de politique de santé, aux besoins de formation du personnel, au désordre qui gangrène le système ? Après bientôt un an de mandature d’Azaly, bien malin qui pourrait déceler dans l’action du gouvernement l’once d’une réponse à ces questions.
Un projet éblouissant digne de la comète mars au vue de la réalité misérable qu’on vit dans le domaine n’est pas forcément efficace. Notre pays regorge de tant d’exemples de projet beaux en apparence mais qui ont complètement foiré faute de politique globale, cohérente, réfléchie. Nous pouvons avoir une belle structure hospitalière pour la gloire d’Azaly ou pour l’amélioration de l’offre de soins et de la santé aux Comores ou les deux en même temps.
Ce qui est plus sûr actuellement, c’est la première hypothèse. La deuxième hypothèse requiert une cohérence d’ensemble qui intègre la prise en compte de différentes problématiques. Sur ce dernier point, Azaly a plus tendance à jouer avec l’émotion de la population, plutôt qu’à y porter une réponse claire et rationnelle. L’improvisation ne doit plus avoir droit de cité. Le père de l’université des Comores doit avoir le courage de faire un bilan lucide de celle-ci pour voir qu’il ne suffit pas d’être le père d’un bébé, mais il est important et essentiel d’être le père d’un bébé dans un environnement pensé et rendu favorable pour son épanouissement.
AHMED Bourhane