Crise AB-Aviation/Anacm: Quand le directeur de cabinet du chef de l’Etat se fait loger par l’Anacm…
Un mystère partiellement résolu. Le logement du ministère des transports, naturellement dévolu au directeur général de l’aviation civile, est habité par le directeur de cabinet du président de la république, chargé de résoudre le contentieux entre AB-Aviation et l’Anacm. Cette histoire soulève tant de questions quant à l’objectivité dudit directeur de cabinet dans la gestion de cette crise.
Contrairement à nos informateurs qui avancent que c’était Jean-Marc Heintz en personne qui a concédé le logement à Youssouf Mohamed Ali dans le but, dit-on, d’avoir le « contrôle » sur lui, ce dernier a répondu à La Gazette des Comores que c’était le ministre des transports qui lui a remis les clés : « Chabhane voulait l’occuper après que Jean-Marc Heintz l’ait renoncé. Après il a décidé de me le donner », nous a-t-il répondu, dans un ton remonté.
« Je suis un fonctionnaire de l’Etat, et c’est un logement de l’Etat », poursuit-il, balayant toute hypothèse de conflit d’intérêt. Le dossier entre Ab-Aviation et l’Anacm a d’abord été entre les mains du ministère de tutelle avant de passer par le parlement puis au cabinet du président de la république. Rappelons également que c’était au cours d’une réunion qui avait réuni à la présidence de l’Union tous les partenaires de la compagnie, le 16 février, que le directeur de cabinet avait déclaré que le chef de l’Etat avait pris « l’initiative de régler le problème », qu’il l’avait saisi pour « aller dans le positif » et « trouver une porte de sortie de crise ».
A l’issue de cette réunion, la compagnie présente son plan de redressement le lendemain, soit vendredi 17 février, au dit directeur de cabinet. Ce dernier nous avait affirmé que la crise sera « résolue au plus tard le mardi » 21 février (lire notre édition du 20 février). Mais depuis, « aucune suite » selon Ab-Aviation qui aurait pourtant proposé, dans ce fameux plan de redressement, de payer 15 millions en un seul coup, et 800 mille francs hebdomadaires jusqu’à éponger totalement la dette de 134 millions de taxes passager qu’elle doit à l’Anacm pour l’exercice 2015/2016.
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Le député Mohamed Msaidie qui s’est gardé de citer des noms n’en doute pas quant à la mauvaise foi qui anime certaines personnes dans ce dossier: « Il y a des bras long animés d’une volonté délibérée de bloquer ce dossier à tel point qu’ils veulent nous exclure ».
En effet, Jean-Marc Heintz travestit la nature du contentieux, passant d’un problème financier à un problème technique sans que le directeur de cabinet du chef de l’Etat chargé du dossier par ce dernier ne s’en émeuve. Au contraire, il le soutient. De toutes ses forces.
Des témoins rapportent qu’au cours de cette réunion qualifiée de « dernière chance » par nos confères d’Al-watwan, le directeur de cabinet a pris à partie l’assemblée nationale qui a réussi à faire signer le 4 février un protocole d’accord entre la compagnie et l’aviation civile.
Comment expliquer cette vendetta contre AB-Aviation ? Serait-il vrai que le cynisme pousse certaines personnes proches du patron de l’aviation civile à anticiper la liquidation d’AB-Aviation et saisir l’opportunité pour créer leur compagnie aérienne ? Une autre vérité serait peut-être enfouie dans ces eaux-là. A suivre…
Toufé Maecha, La Gazette de Comores