Crise AB-Aviation/Anacm : Deux mois après, l’interminable enlisement
C'était à partir du 15 janvier dernier qu'entrait en vigueur la décision de l'aviation civile d'immobiliser au sol l'un des appareils de la compagnie Ab-Aviation pour des raisons financières. Deux mois jour pour jour, le conflit qui s'est intensifié par la suspension du permis d'exploitation une semaine après, n'est toujours pas résolu malgré les multiples tentatives du président de la république. La Gazette résume ici les péripéties de cet imbroglio.
Ordre chronologique. Le 23 janvier, le secrétaire général de la vice-présidence en charge du ministère des transports a adressé un courrier au directeur général de l'Anacm pour lui demander de « lever les sanctions qui pèsent sur l'Avion de AB Aviation aujourd'hui même pour que le trafic reprenne normalement car beaucoup des passagers se trouvent coincés (…) et les sanctions ne sont pas d'ordre technique mais financiers. » Des ordres qui se sont heurtés à l'indifférence de Jean-Marc Heintz le puissant patron de l'Anacm.
Le 4 février, l'assemblée nationale fera signer un protocole d'accord à l'Anacm et Ab-Aviation censée être un dénouement heureux de la crise. Mais Jean-Marc prendra un virage de 180°, refusant de se conformer au pacte que son agent comptable a signé en bonne et due forme. Une position qui non seulement confirmera davantage la volonté manifeste de l'ancien directeur de Comores Aviation de liquider Ab-Avaition, mais qui aura la bénédiction de certains hauts fonctionnaires de l'Etat qui ont failli à leur devoir de neutralité en jouant le jeu de Jean-Marc Heintz contre Ayad Bourhane.
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S'en suivra cette réunion du cabinet présidentielle avec tous les partenaires d'Ab-Aviatio, à la présidence de l'Union le soir du jeudi 16 février. Le lendemain, Ab-Aviation sera appelée à présenter son plan de redressement qui ne sera jamais tenu en compte. Encore une manœuvre dilatoire de la part de ceux mêmes qui étaient censés mettre les bouchées doubles pour mettre fin au conflit.
Il y a aussi cette conférence de presse du vice-président en charge des transports le jeudi 2 mars. Entouré du cabinet présidentiel, du directeur de la Banque fédérale et de commerce (BFC), du patron d'Ab-Aviation, Abdallah Sarouma qui a signé « pour le compte de l'Anacm » un protocole d'accord avec Ab-Aviation avait juré par tous les saints qu'il ne reviendra pas sur sa décision de mettre fin « et d'une manière définitive » au litige AB-Aviation/Anacm. Au final, malgré ses paroles engageant l'Etat comorien, il se recroquevillera dans son bureau, et fera comme si de rien n'était. Sacré Chabhane !
Le président de la république, déçu encore par les siens, ne lâchera pas prise. Déçu mais il redéploie les mêmes procédés inefficaces pour tenter de résoudre la crise. La semaine dernière, il a nommé une commission au sein de son cabinet pour se charger et de l'affaire Ab-Aviation/Anacm, et de celle Comores Telecom/Telma. Le manque de décision ferme du président de la république suscite des interrogations quant à ses intentions réelles. Mwezi Smed, un lecteur de notre journal en ligne a laissé ce commentaire, hier dans une publication concernant cette énième désignation par le chef de l'Etat des membres de son cabinet pour gérer l'affaire :
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« C'est classique dans le monde. La stratégie usuelle pour ne pas prendre une décision ferme immédiate pour résoudre un problème d'Etat. On nomme une commission pour gagner du temps et laisser pourrir la situation jusqu'à la décomposition totale ». C'est vraisemblablement ce qu'est en train de faire Azali Assoumani, nommer des commissions pour gagner du temps et laisser pourrir la situation jusqu'à la décomposition totale.
Toufé Maecha, La Gazette des Comores
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