Rome, submergée par les arrivées incessantes d'immigrés depuis la Libye, se tourne non vers Washington, mais vers Moscou. Une aubaine p...
Rome, submergée par les arrivées incessantes d'immigrés depuis la Libye, se tourne non vers Washington, mais vers Moscou. Une aubaine pour Poutine.
Au moment où, en Allemagne, Angela Merkel durcit sa position à l'égard d'une immigration qu'elle accueillait à bras ouverts il y a à peine plus d'un an, l'Italie – qui n'a pas les mêmes capacités d'absorption d'étrangers que Berlin – cherche par tous les moyens possibles à endiguer le flot des migrants qui abordent ses côtes. Elle vient d'appeler la Russie au secours, en espérant que Moscou parviendra à stabiliser la situation sur les côtes de la Libye, d'où sont venus la plupart des 180 000 immigrés arrivés en 2016 à Lampedusa.
La situation de la Libye, plus de 5 ans après la mort du colonel Kadhafi, est, en effet, toujours aussi chaotique : elle est déchirée entre deux gouvernements, celui, civil et reconnu par l'ONU, de Fayez el-Sarraj et celui du général Khalifa Haftar, soutenu par l'Égypte. Elle compte aussi des maquis islamistes, rescapés des combats de Syrie ou d'Irak, qui ont constitué des poches de résistance ici ou là dans le pays.
Cela favorise le marché très lucratif des passeurs d'immigrés pour poursuivre, sans trop de difficultés, leur commerce de chair humaine au grand dam des pays européens. Et d'abord de l'Italie, dont les côtes sont à 300 kilomètres des rivages libyens.
L'Europe impuissante
Devant l'absence de volonté ou l'incapacité de la présidence Obama et aujourd'hui les incertitudes quant à la politique étrangère de Donald Trump, Rome a décidé de se tourner vers la seule puissance qui, depuis son intervention en Syrie, montre qu'elle est décidée à exercer son influence dans cette région du monde : la Russie. « Nous avons toujours eu de bonnes relations avec la Russie, s'est justifié Mario Giro, le vice-ministre italien des Affaires étrangères. Et alors qu'il est urgent d'avoir une Libye pacifique et unifiée, nous serons heureux que Moscou nous aide dans cet objectif. »
On peut d'abord remarquer que pas une seconde le gouvernement de Paolo Gentiloni n'a songé à demander aux pays européens de venir lui prêter main-forte. Ce qui prouve, une fois de plus, que l'Europe, dès qu'il s'agit de problèmes impliquant une intervention militaire, est aux abonnés absents. En tout cas, elle n'est pas crédible pour un pays comme l'Italie qui n'a pas les moyens d'agir seul, comme a pu le faire la France au Mali.
On peut aussi noter que Rome n'a pas écouté les mises en garde des pays européens, et en particulier celle du Premier ministre de Malte, qui exerce la présidence du Conseil européen. Pour Joseph Muscat, « la situation deviendrait encore plus compliquée si les Russes intervenaient en Libye. Chacun sait en effet que Moscou cherche à implanter de nouvelles bases en Méditerranée ».
Cosaques
Après l'intervention des troupes russes en Syrie, où elles possèdent une base militaire à Tartous – qui date du temps de l'URSS –, les experts avaient déjà observé que Moscou cherchait à jouer les médiateurs entre la Turquie et la Grèce pour une paix durable à Chypre. Avec l'espoir d'y obtenir un nouveau point d'appui en Méditerranée.
Si la Russie, comme Sergueï Lavrov l'a semble-t-il promis la semaine dernière à son homologue italien Angelino Alfano, coopère avec l'Italie pour stabiliser la Libye, il est douteux que cette intervention reste purement diplomatique. Et bientôt pour faire régner la stabilité sur la rive sud de la Méditerranée, on ne parlera plus des gendarmes américains mais des cosaques russes.
PAR MICHEL COLOMÈS - lepoint.fr
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