Madagascar : un "speed dating" entre porteurs de projets et investisseurs
Cette fin de semaine à Madagascar a eu lieu la seconde édition des Start Up Dating, un évènement dans le genre d'un ''speed dating'' qui rassemble les porteurs de projets et investisseurs. L'objectif de ces rencontres est de trouver une solution alternative aux problèmes d'accès au crédit d'investissement qui se posent aux entreprises Malgaches.
(Crédits : Reuters) |
Afin de pallier aux problèmes de ressources d'investissement, à Antananarivo s'est tenu ce vendredi 10 février, un speed dating (rencontre rapide) entre porteurs de projets et investisseurs. Dénommée Start Up Dating, la rencontre qui était à sa seconde édition a pour but de réseauter ces personnes et de tenter de pallier au crédit d'investissement inaccessible à bon nombre de Malgaches. A en croire les organisateurs, ce fut un véritable succès, avec un peu plus d'une centaine de personnes qui se sont présentées. Principalement, on pouvait compter 80 jeunes porteurs de projets.
La rencontre a également rassemblé plusieurs autres catégories d'intéressés. Les chercheurs d'emplois voulant travailler sur un projet, les chercheurs d'opportunité d'investissement et les chefs d'entreprise à la recherche de volontaires pour travailler sur leur projet ou d'investisseurs pour étendre leurs activités, et les porteurs de projets à la recherche d'investisseurs pour lancer leurs idées. C'est le cas de Lysiane. « Je suis chef d'entreprise en huiles essentielles et huiles végétales », annonce-t-elle. Son cas est similaire à celui de Fy Tia Koloina Ranaivoson (19 ans), qui vient de lancer avec deux amies P'tit Baba, un projet de transformation de fruits et légumes en compote, riche sur le plan nutritif pour lutter contre la malnutrition chronique des enfants : « Je suis venue chercher ce soir des investisseurs.
Aujourd'hui ce qui manque dans mon projet, ce sont des financements pour l'achat des matières premières, des bocaux, pour le transport... Ce dont j'ai besoin, c'est 20 millions d'ariarys [6 000 euros, ndlr] », a-t-elle formulé. Présentes à la soirée, elles voudraient donner une plus grande dimension à leur entreprise. Elles ont donc grand besoin d'un investisseur. Railovy Andrianavalona qui a mis une étiquette jaune sur son gilet signifiant ''investisseur'' pourrait bien être intéressé. « Je suis là ce soir pour investir dans un projet existant qui regroupe au moins trois critères essentiels pour moi : agrobusiness, bio, et un projet qui toucherait les femmes, surtout les femmes rurales », explique cet autre participant au speed dating. Il pense qu'il serait d'un grand support aux entrepreneuses.
A côte de ces investisseurs financiers et entrepreneurs, d'autres ne cherchent qu'à mettre leur expertise à disposition. Frédéric, un jeune porteur de projet se révèle. « Mon objectif est de trouver le projet dans lequel je pourrai m'investir à moyen terme », a-t-il expliqué. Mais aussi comme les 80 autres jeunes, il est à la recherche de ce ''business angel'' qui trouverait ses projets intéressants pour les financer. Il vaincrait ainsi les difficultés d'accès aux crédits bancaires.
Le très difficile accès au crédit est palpable à Madagascar
Pour un pays financièrement en bonne santé, il faut un secteur entrepreneurial foisonnant. Et pour cela il faut un crédit d'investissement actif, quelque chose devenu denrée rare dans beaucoup de pays africains, dont Madagascar. Les investissements et les crédits bancaires ne sont pas légions sur la grande île. Non seulement les conditions de leur obtention sont difficiles à honorer, mais aussi, compte tenu de la fragilité de l'économie, ils constituent de gros risques.
« La croissance économique reste tirée par le secteur secondaire et par le secteur des services. Le secteur primaire dans son ensemble a connu un faible taux de croissance, (0.7 % contre 3.3 % en 2014), du fait des inondations dans la partie nord et de la sécheresse au sud... Le déficit budgétaire s'est creusé, passant à 4.6 % du PIB en 2015 contre 2.3 % en 2014... La stabilité macroéconomique reste donc fragile. La résilience du pays aux chocs extérieurs s'est affaiblie », notent les Perspectives Economiques en Afrique de la Banque africaine de développement.
Face à cette situation, selon certains analystes, le pays a besoin de capital-risqueurs, des gens qui selon le géographe Mohammed Mogoré « sont capables de mettre leur argent sans attendre beaucoup de garanties et accompagnent le jeune dans la mise en place et la concrétisation de son projet ». Peut-être sont-ils les profils que les organisateurs du Start Up Dating tentent de trouver aux jeunes. Une chose est sure, ils encouragent l'entrepreneuriat et l'innovation à Madagascar et c'est une bonne nouvelle que l'événement se tienne désormais chaque deux mois, comme annoncé ce vendredi.
Par Emmanuel Atcha - Retrouvez cet article sur La tribune