Une tradition africaine de la politique du paraître a des beaux jours devant elle. Bien avant les indépendances, les brillants initiateurs ...
Une tradition africaine de la politique du paraître a des beaux jours devant elle. Bien avant les indépendances, les brillants initiateurs de la fameuse françafrique, ont fait admettre aux hommes politiques africains que les rapports de force se démontrent à Paris. Cela est institué passage obligé pour prétendre accéder au pouvoir.
Ainsi, un impressionnant dispositif relationnel est destiné à sélectionner les meilleurs laudateurs à coacher pour, au final, former le leader charismatique qui saurait sauvegarder les intérêts de la France. Ce dispositif comprend un certain nombre d’étapes incontournables parmi lesquelles la familiarisation avec un cercle des spécialistes de la politique africaine à l’Élysée, la facilité d’accès aux médias, les relations avec des opérateurs économiques de l’ombre et la tenue des grandes réunions publiques avec les ressortissants du pays concerné en France.
Pour les Comores, les prétendants de Beit Salam excellent à privilégier les meetings afin de vouloir montrer à la France qu’ils sont soutenus par la diaspora, d'une part et faire croire que la messe est dite pour avoir réussi une forte mobilisation depuis la Mecque de la Françafrique, d’autre part.
Mais, mhadaya mdru nge daba ngwambo mhadalwa katsudjuwa.
Les experts de la politique africaine savent que les comoriens de France répondent massivement à toute réunion politique et ces spectacles ne constituent plus un indicateur de popularité. Les électeurs comoriens savent que la diaspora n'a aucun droit de vote pour son pays d’origine et tout cet emballement n’est plus un facteur de mobilisation électorale fiable. Ces meetings ont seulement le mérite de permettre de nous rencontrer au même titre que les mashuhuli et offrir à certains une belle opportunité d’écouter des comédiens, pas drôles, remuer les plaies de l’histoire et insulter l’avenir.
Au moment des élections présidentielles, le candidat qui doit sortir du lot est celui qui est supposé être soutenu par la France. Si le verdict populaire décide pour un autre, l'heureux élu doit, en tout cas, procéder à son baptême de feu comme devrait le faire le candidat de la France.Il doit se rendre rapidement à l'Elysée pour recevoir la feuille de route qui devrait certifier son rang de bon élève avec la docilité de renforcer l'emprise françafricaine: . L'administration doit demeurer calquée sur celle de la France coloniale. L'armée doit être formée dans l'esprit de l'armée coloniale avec pour mission principale la répression. L'éducation nationale est une reproduction conforme à Jules Ferry.
Les centres névralgiques du pays ( banques, télécommunications, aviation civile, douanes, et hydrocarbures, information, justice, sécurité, défense, diplomatie, monnaie ....) doivent être soumis au strict contrôle, voire à la gestion par la France. La nomenclature gouvernementale est scrupuleusement appropriée aux débuts de la Ve République française. Le maintien indiscutable et non négociable du Franc des Colonies Françaises d'Afrique (FCFA). La prépondérance des entreprises françaises dans les projets des grands travaux à réaliser .
La mise à disposition des recherches aux instituts et bureaux d'études français. Le courtage et le lobbying de la politique de coopération économique soumis aux bons offices de la France. La mise en veilleuse "volontaire" de tout litige avec la France et croire à la formule " laver le linge sale en famille". Cette feuille de route est une mission énorme pour un président. Cela le préoccupe au plus haut degré pour mériter la mention de bon élève, véritable gage pour durer au pouvoir autant qu'il puisse défendre les intérêts de la France. Peut-on comprendre pourquoi les intérêts du peuple ne sont pas le souci d'un président élu pour sauvegarder les acquis d'une autre entité?
Par Dini NASSUR