Le discours très attendu de Caabi Elyachroutu, ambassadeur des Comores
Corps diplomatique – La parole à l’ambassadeur comorien
L’ambassadeur britannique, doyen du corps diplomatique absent, celui de l’Union des Comores sera le porte-parole de la Communauté internationale.
Un nouveau visage représentera le corps diplomatique durant la série de discours qui seront prononcés ce jour à Iavoloha. Après le départ inattendu et plutôt mouvementé de Mohamed Amar, ancien ambassadeur du Maroc à Madagascar, en novembre 2016, le message de la Communauté internationale au couple présidentiel sera transmis par l’ambassadeur comorien en poste dans la Grande île, Caabi Elyachroutu Mohamed.
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C’est en sa qualité de vice-doyen du corps diplomatique, le doyen étant absent du pays, que l’ambassadeur de l’Union des Comores prendra la parole à Iavoloha. Caabi Elyachroutu Mohamed a présenté ses lettres de créances au président de la République, Hery Rajaonarimampianina, en mai 2014, mais sa nomination en tant qu’ambassadeur avait déjà été effectuée en juillet 2013.
Après le discours du chef de l’Etat, c’est souvent celui du doyen du corps diplomatique, représentant la Communauté internationale qui est le plus attendu durant la cérémonie de présentation des vœux des corps constitués. Chaque phrase prononcée, chaque mot utilisé est scruté, puis commenté pour y déceler un soutien ou plutôt un avertissement.
L’année dernière, l’allocution de l’ambassadeur du Maroc, plutôt virulente à l’égard des autorités malgaches, a été diversement commentée dans les salons, même dans ceux très discrets du milieu diplomatique. Celle-ci aurait même été
l’une des raisons, mais pas la seule, ayant motivé son rappel en novembre 2016, alors que le Roi Mohammed VI était en visite d’État dans la Grande île.
Percutant
À l’époque, Mohamed Amar n’avait pas hésité à fustiger la trop grande dépendance de Madagascar aux aides internationales. « Depuis mon arrivée dans ce beau pays qui est le vôtre, je ne cesse de lire et d’entendre répéter les mots “Communauté internationale”, “Bailleurs de fonds”, “Fonds Européen de Développement”, etc. à toutes les occasions, qu’elles soient bonnes ou mauvaises », avait-il notamment souligné.
Et pour enfoncer le clou, sans reprocher ouvertement aux autorités leur choix politique, l’ancien ambassadeur marocain avait fait le parallèle avec son pays « où ces mots sont très rarement prononcés » parce que « son souverain, sa Majesté le Roi Mohammed VI, entreprend toutes les démarches et encourage toutes les initiatives pour que le royaume soit libre de ses mouvements, libre de choisir ses amis et ses alliés et, surtout, libre de défendre son indépendance et sa souveraineté comme il l’entend ».
La question est donc de savoir si le message de la Communauté internationale de cette année sera aussi « percutant » que celui de l’année dernière. Celle-ci poursuivra-t-elle sur la lancée imprimée par l’ancien doyen du corps diplomatique ou restera-t-elle dans un message complaisant comme ce qui a pu être entendu ces derniers mois dans la foulée du Sommet de la Francophonie et de la Conférence des bailleurs et des investisseurs ?
L’ambassadeur de l’Union des Comores, pays très proche de Madagascar, non seulement sur le plan géographique, mais aussi dans les domaines historique, culturel et économique, gardera-t-il sa langue dans sa poche ? La proximité des deux pays, aux relations fraternelles mais aussi tumultueuses lui permettrait de ne pas le faire, ou le lui interdirait au contraire. L’accueil du discours, quel que soit le contenu, sera toutefois différent s’il est prononcé par le frère comorien que par l’ami européen.
En principe, c’est l’ambassadeur britannique à Madagascar, Timothy Smart, qui aurait dû être le porte-parole de la Communauté internationale ce jour à Iavoloha. Plus ancien ambassadeur en poste dans la Grande île, ce doyen du corps diplomatique a été nommé ambassadeur de Sa Majesté à Madagascar en octobre 2012. Il est le premier ambassadeur du Royaume Uni à résider à Madagascar depuis 2005, année où ledit royaune avait décidé de fermer son ambassade dans la Grande île. Entre le mandat de Brian Donaldson et celui de Timothy Smart, les trois ambassadeurs en charge de Madagascar ont résidé à Maurice où ils étaient Hauts commissaires.
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Bodo Voahangy - Retrouvez cet article dans Lexpress de Madagascar