Rétrospective 2016, social: La précarité s'est hélas intensifiée
Le 31 décembre 2015, les comoriens – à l'exception de ceux qui vivent dans les capitales des îles et leurs environs - ont passé le réveillon dans l'obscurité, ce fût aussi le cas le 31 décembre 2016.
La crise énergétique qui a démarré avec l'ère Mohamed Taki, n'a pas été résolue en 2016. Les entrepreneurs se sont tous retournés vers l’énergie solaire et les groupes électrogènes d’appoint pour fonctionner et s'assurer une indépendance énergétique.
Afficher la suite...
Les ménages comoriens ont aussi investi dans le solaire. Enfin ceux qui ont pu compter sur l'apport financier régulier de la diaspora car dans les îles de la lune, rares sont ceux qui peuvent s'acheter des panneaux solaires.
Les promesses faites dans ce domaine par Ikililou n'ont pas été respectées. Son successeur multiplie les efforts par l'achat de nouveaux groupes mais il faudra encore quelques semaines pour que les travaux d'installation s'achèvent. La crise énergétique s'est intensifiée en 2016 et a détérioré davantage les conditions de vie des comoriens qui, n'ont même plus la force de manifester leur ras-le-bol. Aucune manifestation n'a été enregistrée en 2016 contre la crise énergétique ou la vie chère. Signe que les électeurs ont accordé au nouveau pouvoir une période de grâce.
Dans le domaine de la santé, les autorités peinent à réglementer les hôpitaux et garantir l'accès à des soins de qualité pour tous. Le temps où les études de médecines étaient motivées par l'envie de sauver des vies et d'aider les malades à guérir est révolu. Les médecins continuent de déserter les hôpitaux publics déjà abandonnés par les gouvernements successifs au profit de leurs cliniques privés.
En 2016, la donne n'a pas changé. Ceux qui ont les moyens préfèrent se rendre à l’étranger. Ceux qui n'en ont pas s'endettent et mobilisent les bienveillants membres de leur famille dans la diaspora pour partir à l'étranger eux aussi. Les moins chanceux décèdent dans nos hôpitaux devant des « stagiaires » impuissants, parfois dans des circonstances fâcheuses. Allah rahmou !
Dans le secteur de l’éducation et de l'enseignement, l'année a été marquée par la baisse de 40% des frais de scolarité à l'Université des Comores. Bravo Azali ! L'année scolaires n'a pas été fortement perturbée mais les résultats du baccalauréat ne sont toujours pas satisfaisants, si on se réjoui d'une légère hausse du taux de réussite, on ne peut tout de même pas nier la baisse de la qualité de l'éducation. 2016 n'aura pas été l'année où les acteurs de l'éducation auront engagé une vraie réforme de remise à niveau.
En 2016, Azali a pris l’initiative de baisser les prix des denrées alimentaires, des transports et du carburant mais la mesure n'a pas impactée les portefeuilles des ménages, et dès la fin du ramadan, les commerçants ont rehaussé les prix. Les efforts de contrôle n'ont pas suivi et les mesures pour alléger les bourses sont restées vaines.
Les denrées alimentaires locales sont de plus en plus inaccessibles. Tarot et banane sont même devenus des produits de luxe. Ignames, manioc, tomates et fruits battent les records. La viande, elle, n'est toujours pas à la portée de tout le monde. Le quotidien du comorien est de plus en plus difficile. L’irrégularité des salaires, déjà très bas, enfonce de plus en plus l'espoir d'un avenir prospère. En 2016, le riz et les ailes de poulets sont les produits les plus consommés dans les foyers comoriens - 1,500 suffisent pour nourrir la famille de 3 enfants - alors que le tarot au coco avec viande coûterait pas moins de 5.000 francs.
Par Al-hamdi A.Hamdi