Madagascar: la société publique d'eau et électricité en pleine tourmente
A Madagascar, délestages quotidiens dans les grandes villes de l'île, gouffre financier pour l'Etat qui se retrouve dans l'obligation d'accorder des subventions dans l'urgence pour éviter que le pays ne soit paralysé, les temps sont difficiles pour la société publique d'eau et électricité. Ce début de semaine a même été marqué par une psychose dans la capitale après qu'un technicien de la Jirama a alerté sur un fort risque de coupure d'approvisionnement en eau d'Antananarivo, causée par la sécheresse. Si l'information a été démentie par le gouvernement, la colère des Malgaches vis-à-vis de la société publique est bien réelle. C'est dans ce climat que le vice-président Afrique de la Banque mondiale, en visite à Madagascar, s'est entretenu avec le président de la République et certains de ses ministres pour faire le point sur l'avancée des réformes de la Jirama, financées en partie par l'organisation mondiale.
La Jirama, compagnie d'électricité et d'eau de Madagascar © DR. |
La distribution et l'accès à l'électricité est l’une des priorités de la Banque mondiale à Madagascar. Aussi, depuis l'annonce en mars dernier de l'octroi d'un crédit de 65 millions de dollars pour appuyer la réforme du secteur de l'électricité du pays, l'organisation mondiale veille à l'avancée des travaux de restructuration.
« L’idée du programme c’est d’aider la Jirama à augmenter son efficacité à être un bon payeur. Pour pouvoir justement être ces bons partenaires qui permettront aux investisseurs privés de venir en masse dans ce secteur, investir, et qui pourront également vendre l’électricité au coût plus bas, parce qu’ils n’ont pas justement à prendre en compte les risques de non-paiement », estime Makhtar Diop, le vice-président Afrique de la Banque mondiale.
Mais les premiers effets de la réforme, initiée en août 2016, tardent à se faire sentir. Parmi les mesures qui doivent être prises, il en est une qui est sans cesse retardée : le changement de l'équipe dirigeante de la Jirama. Toutefois, Herilante Raveloharison, ministre au double portefeuille, celui de l'Economie et de l'Energie, affirme que c'est désormais une question de jours : « On peut espérer avoir incessamment - quand je dis incessamment, dans les jours qui viennent - une nouvelle configuration en termes de staff dirigeant de la Jirama ».
« L'électricité est un secteur difficile à réformer en Afrique », de l'aveu même de Makhtar Diop. L'Etat n'est donc pas au bout de ses peines. Cette semaine, la Jirama a annoncé avoir besoin de 750 milliards d'ariarys (plus de 200 millions d’euros) pour fonctionner toute l'année 2017, quand la loi des finances 2017 mentionne elle, que les subventions de l'État ne dépasseront pas les 250 milliards d'ariarys. Retrouvez cet article sur RFI