L’enseignement en détresse.
Il ne sert à rien de blâmer les enseignants en présentant des résultats d’une enquête dont les erreurs sont souvent énormes. Une enquête n’est pas une idéologie, C’est toute une littérature scientifique jugée capable de satisfaire une approche adoptée.
A mon avis, il serait beaucoup plus sage que nous commencions à nous interroger sur le programme de l’enseignement comorien qui ne parvient même pas à identifier le besoin réel et immédiat des apprenants en matière d’enseignement. Enseigner une langue n’est pas nécessairement liée à une maîtrise parfaite de celle-ci car la maîtrise parfaite d’une langue étrangère n’est qu’une illusion. Rien ne garantit qu’un français puisse mieux enseigner le français que nous. C’est donc une partie prise lorsque le débat concernant les difficultés de l’enseignement aux Comores est collé sur le dos des enseignants.
Photo d'archives |
L’enseignement est une question de savoir faire et des méthodes d’apprentissage. L’échec des élèves n’est pas forcement lié à la non maîtrise du français, il peut découler des méthodes jugées inadaptées et archaïques dans la dynamique même des langues. Aujourd’hui la problématique sur le plurilinguisme et son impact sur les rapports aux langues doit être un axe central à l’examen de l’apprentissage des langues aux Comores. Nous ne pouvons pas ignorer le fait que les élèves comoriens sont en contact avec plusieurs langues étrangères dans leur environnement linguistique. La vie de ces langues sous le même toit génère donc une situation sociolinguistique complexe conduisant à des phénomènes comme des interférences, des alternances de code, de calque etc
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Notre enseignement est renvoyé au vestiaire car nous n’avons pas pu placer le viseur au bel endroit pour comprendre le besoin réel des apprenants. Les facteurs qui menacent le plus notre système éducatif sont multidirectionnels. Jusqu’à nos jours, aux Comores, plusieurs enseignants ignorent qu’un enfant peut souffrir d’un trouble du langage (dyslexie, aphasie, dyscalculie, dysorthographie) pouvant empêcher son éclosion scolaire. Des critiques virulentes sont souvent formulées contre les enseignants alors que le problème tient de plusieurs origines. Sur le plan sociolinguistique, il n’est pas très étonnant que des élèves Comoriens commettent de fautes de français.
Ce dernier est une langue véhiculaire, une langue administrative assurant une communication dans les milieux choisis et favorisés. L’enfant communique dans sa langue maternelle le plus souvent avec ses camarades, sa famille. Cet effet de bilinguisme en alternance est une « fatalité linguistique » auquel l’apprenant est exposé. De toute manière dans un cas de bilinguisme de cette nature, la langue maternelle est naturellement la mieux maîtrisée. On retient que a langue n'est qu'une version visible de l'expression de notre pensée, ce qui fait défaut ce n'est pas la façon de la parler mais plutôt la manière de percevoir et de juger les idées, les faits et les objets.
On peut donc arriver aux conclusions selon lesquelles les facteurs qui gangrènent notre système éducatif sont variables et multidirectionnels. Pour résoudre ces problèmes il faut revenir à la base. Interroger les variables pertinentes, donner des orientations sur le plan affectif, émotionnel, psychosociologique, neurolinguistique afin de comprendre d’où vient l’origine des difficultés et comment y remédier. Lorsque le langage est atteint dans son intimité et bien c’est toute la pensée qui en paie.
Ezaldine Attoumane, Doctorant en Sciences du Langage, spécialité sociolinguistique