Enième limogeage d’un DG de la Ma-Mwe
Le Directeur Général de la société comorienne de l’eau de l’électricité (MA-MWE), Soilihi Mohamed a été limogé ce vendredi 28 janvier 2017. Nommé le 26 décembre 2015, il n’a dirigé cette entreprise que 13 mois. C’est le cinquième limogeage d’un Directeur Général de la MA-MWE en moins de 6 ans. Ces Directeurs Généraux ont tous été nommés au mépris de la loi du 02 janvier 2006, portant réglementation générale des sociétés à capitaux publics et des établissements publics.
Photo de la centrale électrique de Voidjou à Ngazidja Photo© la rédaction |
Pour améliorer la gestion des sociétés d’état, encore faut-il respecter les textes législatifs qui régissent le fonctionnement de ces sociétés. Tant qu’une seule personne, fut-il, Président de l’union, peut nommer selon ses désirs et ses affinités personnelles, politiques, les directeurs généraux des sociétés d’état et établissements publics, ces deniers seront toujours gérés dans l’opacité et le tutorat vis-à-vis de la présidence de la république. L’article 9 de cette loi du 02 janvier 2006 publiée dans le Journal Officiel de l’Union des Comores dispose que "les directeurs généraux des sociétés nationales et des établissements publics à caractère industriel et commercial nationaux sont nommés par le président du conseil d’administration après délibération dudit conseil".
Depuis plus de 10 ans, cette disposition est violée, piétinée, bafouée par les présidents de l’Union successifs qui ne veulent pas céder d’un pouce leur pouvoir de nomination. Et pourtant une nomination par le président du conseil d’administration permettra aux sociétés d’Etat et établissement publics de disposer de dirigeants compétents, recrutés dans la transparence après appel à candidature et répondant devant les membres du conseil au sein duquel siège un représentant du personnel. Les directeurs généraux seront obligés de rendre des comptes aux conseils d'administration qui ne seront plus des chambres d'enregistrement. Ainsi l’anarchie, l’autoritarisme, la gabegie et la corruption qui règnent dans ces sociétés d'Etat et établissements publics prendront fin pour l’intérêt de l’Etat et des contribuables comoriens.
La MA-MWE est en cessation de paiement depuis des années. Elle est maintenue artificiellement en vie grâce aux multiples subventions de l’Etat. En 2011, la Commission de Vérification des Comptes (CVC) avait établi un rapport pertinent sur la gestion de la MAMWE et avait formulé plusieurs recommandations pour sauver cette entreprise. Ces recommandations formulées par cette institution remplacée depuis, par la section des comptes de la Cour Suprême, n’ont pas été suivies ni par le gouvernement ni, par les quatre directeurs généraux successifs qui ont se sont succédés à la tête de cette entreprise publique, depuis la publication de ce rapport accablant. Ce rapport évoquait des recrutements pléthoriques qui n’ont pas respecté les cadres organiques de la société, des dépenses excessives du personnel, des contrats de location-vente signés au détriment des intérêts de la société.
Le rapport de la défunte CVC avait conclu que l’entreprise publique MA-MWE peut être redressée au prix d’une gestion financière rigoureuse et transparente. Cette gestion rigoureuse se fait toujours attendre alors que le défilé des Directeur Généraux se poursuit d' année en année.
©ComoresDroit