Affaire Agoi L’ancien ministre, Houmed Msaidie, critique le Conseil National de la Presse et de l'Audiovisuel
APRES LA PRISE DE POSITION DE H.MSAIDIE SUR LE CNPA
Plus d’un mois après la condamnation par le justice comorienne de l’animateur A.Agoi suivie de la fermeture administrative de la station de radio la Baraka, Houmed Msaïdié publie un post sur Facebook dans lequel il regrette l’absence de média critique sur la place et égratigne au passage le CNPA d’avoir « enterré » cette radio privée. Sur le fonds, l’ancien ministre et chef du parti Radhi, ouvre un débat intéressant qui permet de questionner la place de l’INSTANCE DE RÉGULATION DES MÉDIAS dans le pays.
On ne peut que s’en féliciter et espérer un prolongement de cette réflexion au-delà des invectives et des réactions sporadiques sur facebook. Car à vrai dire, la Régulation est nouvelle et peu comprise par les autorités nationales, comme par les responsables politiques en général et pas seulement. Il suffit de se remémorer les postures des candidats à la dernière présidentielle sur l’initiative du CNPA d’organiser un débat public à l’ORTC, pour se rendre compte de la distance de ces hommes avec les fondements de la démocratie.
Sur le point précis que soulève H.Msaïdié, je rappelle tout simplement que le CNPA, en tant qu'institution publique chargée de la régulation des médias, a condamné la fermeture de la Baraka FM à travers un communiqué officiel (voir communiqué en ligne en cliquant ici) dans lequel il demande au gouvernement de surseoir sa décision au nom du respect de la loi et les règles de régulation des médias. Il faut parfois un peu d’honnêteté lorsqu’on aborde des questions aussi sérieuses que celle de la liberté et des droits humains. Quelle formation politique a relayé cette prise de position du CNPA ? Quelle réaction a eu l’Assemblée nationale (qui a compétence d'interpeller le gouvernementale sur sa politique) ou le Conseil constitutionnel (qui veille sur la constitutionnalité des décisions publiques) à l’égard de la prise de position du CNPA ?
On pourrait poser la même question concernant les organisations professionnelles des journalistes et de ceux qui se positionnent dans le champ des intellectuels. Chacun est libre de s’émouvoir ou de se pavaner avec les « victimes », mais cela n’exonère pas de la responsabilité qu’exige la position publique que l’on assume. L'on savait pourtant qu'en décidant la fermeture de la Baraka FM après avoir cherché à faire taire son "turbulent" animateur, le gouvernement à travers son ministre de l'Intérieur qui a (toujours) en charge l'information (maintien du vieux système de la censure), visait à museler plus généralement les médias critiques (lire les articles parus à ce sujet sur le blog "comoressentiels"). Pour ceux qui n’auraient pas compris, le CNPA n’est pas un syndicat et ne peut pas descendre dans la rue pour manifester.
Il ne peut qu’agir avec les moyens de la loi. C’est ce qu’il a fait à travers son communiqué demandant au gouvernement de surseoir sa décision et de se conformer aux règles de la régulation. Ce n’est certes pas suffisant. Mais la loi qui institue le CNPA ne lui a pas donné des moyens juridiques de contraindre les pouvoirs publics. Il ne peut en conséquence qu'agir comme il l'a fait en attirant l'attention desdits pouvoirs sur le respect des règles. La nouvelle mandature du CNPA a d'ailleurs fait une proposition de loi complétant le texte actuel mais que les députés n'ont pas encore débattu. Elle continue à batailler pour construire la régulation avec conviction et responsabilité malgré l’absence de reconnaissance par les pouvoirs publics et de moyens matériels et financiers pour compléter les structures qu’il a besoin pour fonctionner efficacement.
Par Eddine Mlivoidro
Titre et photo©Habarizacomores.com