L'insécurité à Antananarivo
Il ne se passe pas une semaine à Madagascar sans que les journaux ne relatent des faits de violences dans la capitale malgache « Antananarivo ». L’insécurité est aujourd’hui un phénomène indissociable de la vie quotidienne des citoyens malgaches en général et des habitants de la capitale en particulier. Elle touche toutes les couches de la société, n’épargnant ni les puissants ni les pauvres.
Même les étrangers ne sont pas en reste. L’agression mortelle dont a été victime l’étudiant comorien CHABANE ABDOU dans la nuit du 20 Avril dernier montre que les malfaiteurs n’ont aucune considération pour le rang social de leur victime. Cette dernière n’était d’ailleurs pas l’unique cible de ces brigands qui n’avaient en tête que le désir de prendre le maximum de biens matériels. Son cas n’est pas exemplaire et il n’est qu’un des centaines de faits divers portés à la connaissance des journalistes tous les jours. Analakely, ou Ambohijatovo, 67Ha, et finalement partout dans la ville d’Antananarivo, à n’importe quelle heure de la journée ou de la soirée, en voiture, en taxi ou en taxi-be, l’insécurité guette la population et la présence des militaires ou des policiers ne rassure guère.
Car à la jungle comme dans la ville, tous les coups sont permis et on est livré à soi-même. Aujourd’hui, ce n’est plus une question d’habillement, ou de bijoux en or qui attire les voleurs à la tire. C’est tout et n’importe quoi : un semblant de téléphone, un sac, une poche qui gonfle et qui laisse deviner quelque chose… personne n’est à l’abri de ces malfaiteurs. Analakely, à n’importe quelle heure de la journée. Un détrousseur, pickpocket ne se gêne pas pour voler un téléphone, voire un sac à main à travers la vitre à peine ouverte d’une voiture coincée dans un embouteillage.
Non loin de là, des hommes en treillis, des militaires, et même des policiers de la circulation, visiblement pas concernés du tout par ces vols à la tire en plein jour, au vu et au su de tous. Et gare à celui qui ose apporter son aide en courant après les voleurs, ces derniers, en bande bien organisée, n’hésite pas à tuer, avec une arme blanche. Si l’insécurité plane dans la ville à cause des voleurs à la tire et des pickpockets, la nuit est encore plus dangereuse. Aujourd’hui, les cambriolages des maisons se font fréquents. Dans certains quartiers, ce n’est même pas une maison qui se fait cambrioler, c’est toute une série de voisinage, et ils se mettent à plusieurs dizaines, avec des armes à feu, pour voler. Déjà que les rues de Tanà sont plongées dans le noir dès que les étoiles commencent à scintiller, et que les ruelles qui mènent vers les habitations deviennent des repères à bandits.
De plus, les délestages qui reprennent dans certains quartiers amplifient cette insécurité ambiante. « L’on ne se sent vraiment plus en sécurité chez soi » me dit un collègue n’en parle pas de nous les étrangers. Antananarivo est en phase de devenir une zone rouge, une ville insalubre. Il faut noter qu’à l’approche des fêtes, l’insécurité urbaine a toujours été au rendez-vous et elle est particulièrement inquiétante. Les gens partagent un sentiment d’anxiété collectif surtout à la veille des fêtes où les attaques à main armée sont quasi-quotidiennes et presque partout dans la capitale. Et tout cela, sans oublier les vols à la tire ainsi que les vols avec effraction en milieu urbain.
La sérénité devient utopique, une fois sortie de la maison. Il y a trop de paramètres à gérer, générant ainsi une réelle fatigue psychologique pour les habitants de la capitale. Les pick-pockets dans les taxis-be, les vols à la tire dans les places commerciales (Behoririka, Analakely, Soarano…), les vols à main armée pour les épiceries et dans les bars, tout cela fait le quotidien des deux millions d’âmes dans la capitale a la veille des fêtes de fin d’année.
ATICKI Ahmed Ismael
Etudiant en : Information-Communication-Journalisme L3