Affaire Air Austral/Int’Air Iles: Un consensus et des zones d’ombres dans le ciel comorien
Les compagnies françaises Air Austral et Ewa Air peuvent continuer à desservir l’archipel tandis que la compagnie comorienne Int’Air Iles se débat désespérément pour obtenir des autorités françaises l’autorisation de desservir La Réunion.
Said Salim Dahalani, secrétaire général de la vice-présidence chargée des Transports ©Alwatwan |
Sans donner guère plus de détails, le secrétaire général de la vice-présidence chargée du ministère des transports nous a confirmé qu’ « il y a eu un consensus » sur l’affaire de la guerre du ciel qui opposait les compagnies françaises Air Austral/Ewa Air et les Comores. Ca a fait pschitt. Air Austral et Ewa Air peuvent donc continuer à desservir l’archipel comme si de rien n’était. La fameuse note de service n’y aura rien changé, sauf peut-être pour son signataire… Pendant ce temps, la compagnie comorienne Int’Air Iles fait le pied de grue dans les coursives de l’aviation civile française dans l’attente d’une incertaine validation de programmes de vols vers Pierrefonds à La Réunion. Le consensus n’est pas réciproque.
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Contacté, le directeur général d’Int’Air Iles dira sobrement : ne rien savoir de ce consensus. Dans la foulée, il affirmera « n’avoir rien reçu ». Il prendra le soin de souligner que la compagnie dont il a la charge est « toujours dans l’expectative ». Même son de cloche chez le directeur de cabinet du vice-président chargé du ministère des transports. Il nous dirigera vers le secrétaire général qui à son tour nous renverra au vice-président en personne.
Ni ce dernier, ni le directeur de cabinet du président, ni le secrétaire général du gouvernement, ne donneront suite à nos appels. Rappelons que c’est justement cette déconvenue qu’est en train de subir Int’Air Iles, qui est à l’origine de cette guéguerre qui passionne l’opinion. Depuis le 23 novembre, la compagnie comorienne a introduit ses SOP (Standards Opérations Procédures) auprès des autorités françaises. Une demande qui sera relancée le 5 décembre et qui n’a jamais obtenu une réponse de la part de l’aviation civile française jusqu’à ce 22 décembre où cette dernière irrite le ministère des transports avec une lettre adressée à Int’Air Iles et l’Anacm. Dans cette missive, la partie française fait savoir que l’aéroport de Hahaya doit être évalué au mois de janvier, et «le résultat de cette mission donnera, le cas échéant, des éléments objectifs sur les conditions dans lesquelles votre nouveau programme de vol pourrait être accepté.»
C’est à partir de ce courrier que le ministère des transports décidera en guise de réponse, le 26 décembre, de « suspendre les programmes de vols des compagnies Ewa Air et Air Austral à compter du 27 décembre dans l’attente des résultats de cette mission [d’évaluation] » (lire nos éditions du mercredi et jeudi). Pourquoi la partie comorienne a accepté la « reprise » (du moins la note de service n’a jamais pris effet) des vols des compagnies françaises ? Pourquoi dans cette affaire c’est le président de la République qui s’est chargé personnellement de démettre de ses fonctions le directeur général des transports qui a rendu la monnaie de sa pièce à l’aviation civile française (lire notre édition de ce jeudi), alors que d’habitude dans des circonstances pareilles ce sont les ministres de tutelle qui « suspendent »? Azali, du moins à notre connaissance n’avait pas jusqu’ici signé de décret de démission. Pourquoi l’a-t-il fait aujourd’hui ?
Et cette question, la seule peut-être qui vaille ou qui pourrait en partie expliquer le problème : n’était-ce pas à Jean- Marc Heintz, directeur de l’Anacm de répondre au courrier de l’aviation civile française ? Si oui, pourquoi ne l’a t-il pas fait ? Le torchon brûlerait-il entre Jean-Marc et le vice-président en charge des transports ? Toujours est-il qu’aux yeux de l’opinion, Habab Ben Ali Ivessi semble avoir été « sacrifié ». La question est pourquoi ? Notre président serait-il en train de faire allégeance à l’ancien colonisateur, au point de défendre ses intérêts au détriment des nôtres ? Ce n’était qu’une question.
Toufé Maecha, La Gazette des Comores