Watwan’Eco - Union des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche, cinq mois après
Élus cherchent interlocuteurs désespérément…
Un peu plus de cinq mois après la mise en place de son bureau exécutif, l’Union des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche n’a ni siège social ni budget de fonctionnement. La vice-présidente de l’association des vendeuses du poisson fumé et séché est convaincue que rien ne se fera sans un siège : «Ceux qui nous ont délégués pour siéger au sein de l’Union des chambres nous demandent des comptes et ce vide commence a créé des dissensions entre nous», martèle-t-elle.
Ce ne sont pas, loin de là, les seules doléances et incompréhensions des uns et des autres. Pécheurs, agriculteurs et éleveurs ont repris leur bâton de pèlerin pour plaider leur cause. Seront-ils entendus?
Qui veut la peau de l’Ucaep, la toute nouvelle chambre, rassemblant agriculteurs, éleveurs et pêcheurs? C’est la question, on ne peu plus suspicieuse, que se posent ses élus, dont une partie s’était retrouvée mardi dernier à Moroni pour une réunion extraordinaire. Il faut dire qu’un peu plus de cinq mois après la mise en place de son bureau exécutif, l’Union des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche n’a ni siège social ni budget de fonctionnement. Une situation qui a trop duré et qui amené les élus de ladite chambre à réagir.
Ibrahim Sittina Farate, présidente de la Chambre
d’agriculture, d’élevage et de pêche de Ngazidja
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«Nous voulons un dénouement de la situation. Nous n’avons pas de local, ni l’Union des chambres ni la chambre insulaire de Ngazidja et nous ne faisons rien depuis notre élection. Ceux qui nous ont délégués nous demandent des comptes», s’est plainte la présidente de la Chambre d’agriculture, d’élevage et de pêche de Ngazidja, Ibrahim Sittina Farate. La création d’une Confédération nationale des agriculteurs, pêcheurs et éleveurs (Cnape), portée sur les fonds baptismaux il y a quelques jours, n’a fait qu’exacerber, encore plus, cette méfiance bien dans l’air. Une manière, «de tuer dans l’œuf» s’est épanchée une élue au cours de la réunion de mardi. Un avis pas tout à fait partagé par tout le monde dans l’assemblée.
On nous demande des comptes
Jusqu’à hier, les élus de l’Ucaep n’avaient pas réussi à entrer en contact avec le ministre de la Production. Une rencontre des représentants des agriculteurs, pêcheurs et éleveurs avec le conseiller juridique du vice-président en charge de la Production a été programmée, mercredi dernier, pour une première prise de contact. Certains des élus reprochent au nouveau président de l’Ucaep, Mohamed Soilihi alias Momo, de trop calmer le jeu : «Nous n’avons même pas de règlement intérieur. Mais cela voudrait que nous soyons convoqués par notre président. Celui-ci continue de cumuler ses responsabilités de président de l’Union des chambres et celui de président de la Fnac-fa, ce qui est contraire aux textes régissant nos Chambres», a dénoncé un autre élu de l’Ucaep, Humblot Martial. Difficile pour le nouveau président de se défendre, il n’est plus au pays depuis un bon moment.
Mais encore il y a la suspicion quant à l’utilisation des peu de ressources mises à la disposition de l’Ucaep. Ce qui fait sortir certains élus de leurs gonds, Humblot Martial est parmi ceux-là : «Nous avions 2,484 millions de francs, aujourd’hui on nous dit que cet argent a été dépensé. Nous exigeons des explications et voulons savoir qui a ordonné ces dépenses.» A en croire, le porte-parole des pêcheurs, Fahari Mze Mbaba, «personne ne connait ses prérogatives. Les élus et la direction nationale de l’Union des chambres se renvoient la balle» quant à la responsabilité de tout ce blocage.
Saïd Himidi, directeur général intérimaire de
l’Union des chambres d’agriculture,
d’élevage et de pêche
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Fatoumia Ahamada,vice-présidente de l’association des vendeuses du poisson fumé et séché
Pour la vice-présidente de l’association des vendeuses du poisson fumé et séché, Fatoumia Ahamada, rien ne se fera sans un siège. «Les personnes qui nous ont déléguées pour siéger au sein de l’Union des chambres nous demandent des explications. Et ce vide commence a créé des dissensions entre nous», a-t-elle martelé. Ce ne sont pas les seules doléances et incompréhensions qui ont ponctué ce rassemblement appelé de toute urgence. Depuis mardi que nous nous sommes quittés, pécheurs, agriculteurs et éleveurs ont repris leur bâton de pèlerin pour plaider leur cause. Seront-ils entendus?
Kamardine Soulé
Trois questions à…
Saïd Himidi, directeur général intérimaire de l’Union des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche
Saïd Himidi |
La création d’une confédération nationale des agriculteurs, pêcheurs et éleveurs n’est-elle pas de nature à court-circuiter l’Ucaepc?
La mise en place d’une telle structure n’est pas en contradiction avec la philosophie qui a amené à la création d’une Union des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche. L’existence d’une Union des chambres n’exclut pas la présence des confédérations, syndicats et autres associations dans nos secteurs respectifs, du moment que la vision des ses organes c’est défendre les intérêts du pêcheur, de l’agriculteur et de l’éleveur.
Depuis le mois d’avril, date de la mise en place des chambres, rien d’encore effectif pourquoi?
En effet, depuis le 3 avril rien de concret n’a pu se faire malgré les arrêtés d’application relatifs à la mise en place de l’Union des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche qui prévoient la mise à disposition de locaux, et autres outils de fonctionnement de cette structure. Après les élections, il y a eu des incidents, surtout au niveau de Ngazidja, ce qui fait que l’Union des chambres et la Chambre d’agriculture, d’élevage et de pêche de l’île n’ont pas jusqu’à maintenant de sièges. Je viens d’être délogé manu militari du bureau que j’occupais en tant que directeur national par intérim de l’Union des chambres, au Snac. Ceci en toute violation d’un accord qui a été signé entre le gouvernement et le Syndicat national des agriculteurs. J’ai fais part de cette situation aux autorités, mais nous n’avons pas encore reçu d’écho de leur part.
L’Union des chambres n’est-elle pas dotée d’un budget de fonctionnement?
Au moment où on allait mettre en place l’Ucaep, il y a eu une convention de partenariat signée entre le ministère de la Production du gouvernement Ikililou, l’Union des chambres de commerce et d’industrie. Conformément à cet accord, l’Uccia devait mobiliser 30 millions de francs pour l’organisation des votes des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche. Cette convention n’a pas pris effet.
Propos recueillis par Ks
Le secteur tertiaire dans l’économie comorienne
Moroni au siège du Snac |
Les sous-secteurs d’agriculture, d’élevage et de pêche restent des sous-secteurs potentiellement productifs dans l’économie nationale et créateurs d’emplois avec environ une contribution de 40 pour cent du Pib, une production animale dépassant les cinq cent tonnes par an et un potentiel halieutique important. Pour ce qui est de la seule pêche, rien que dans l’île de Ngazidja, il y a cinquante cinq coopératives de pêcheurs. Au niveau de l’ensemble des Comores en 2005, par exemple, la pêche employait, selon le Commissariat général au plan, 6 pour cent de la population (soit huit mille emplois directs et vingt quatre mille indirects). Elle a participé à hauteur de 21 pour cent au Pib et à 5 pour cent aux recettes en devises à travers les exportations.
Ce que dit la loi
Moroni au siège du Snac |
1er Le 10 mai 2014, les députés ont voté la «loi relative aux institutions consulaires agricoles, élevage et pêche». Il s’agit des Chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche et de l’Union des chambres d’agriculture, d’élevage et de pêche. Ces institutions ont une fonction de représentation des intérêts de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche auprès des pouvoirs publics, des institutions internationales et des partenaires publics et privés. Elles sont placées sous la tutelle technique du ministère chargé de l’Agriculture, de l’élevage et de la pêche. Ces institutions étaient, jusque-là, restées noyées au sein de l’Uccia, dont les activités essentielles sont, en réalité, centrées sur le commerce. «Il fallait à un moment donné arriver à distinguer chambre de commerce et chambre d’agriculture surtout dans un pays à vocation agricole. Aujourd’hui, l’agriculture contribue à hauteur de 41 pour cent au Pib du pays. Il était donc inadmissible qu’il n’y ait pas un endroit où les agriculteurs pouvaient échanger», avait soutenu le délégué à l’Agriculture et à la pêche auprès du ministre de la Production, au moment d’adoption de la loi, Mohamed Halifa.
Source: ( Watwan’Eco du vendredi 11 novembre 2016 _Le premier hebdomadaire comorien des questions économiques et financières)