Franc CFA et Monnaie Unique Africaine: Aurait-on sonné la fin de la Françafrique?
Aurait-on sonné la fin de la Françafrique? Il est permis de le croire. Des voix de plus en plus nombreuses s'élèvent un peu partout en Afrique pour dénoncer le maintien de la colonisation française par d'autres voies, d'autres méthodes et, principalement par la monnaie, ce franc CFA qui tire l'Afrique vers le bas.
Si Kadhafi a perdu la vie sur ce dossier, l'Afrique ne manque pas d'hommes courageux pour perpétuer ce combat pour l'indépendance du continent. La question n'appartient plus, désormais, aux seuls économistes. Les politiques s'en emparent et poussent de la voix. Un des gardiens du temple Françafrique, le Tchadien Idriss Deby Itno, a poussé récemment un cri pour dire "non" aux cordes qui nous enchaînent et a demandé que l'Afrique brise les chaînes pour se construire, elle-même. C'est que la cause est entendue.
Mais, car il y a un "mais", pour y arriver, certaines conditions doivent être remplies dont l'unité de l'Afrique. C'est ici que l'idée d'une Afrique unie, peut-on et doit-on dire, trouve toute son éloquence. D'aucuns voudraient nous faire croire qu'une MUA aliénerait la souveraineté des États. Ce qui est grossièrement faux. Une monnaie unique n'est pas synonyme d'aliénation de souveraineté des États. N'inventons par la roue, elle est déjà là; faisons-la tourner. Tout simplement. Tournons le regard vers le Nord. L'Union Européenne est une réalité. Elle dispose d'une monnaie unique, l'EURO, d'un passeport unique. Quel État européen a, pour autant, perdu sa souveraineté? Aucun. En tout cas, pas à ma connaissance. Ce qui revient à dire que l'Afrique peut faire autant, à condition que ses dirigeants aient seulement la volonté d'y parvenir.
Bien sûr, la voie est périlleuse, l'exemple de Kadhafi est récent pour être oublié. Nous ne voulons pas revenir aux pères fondateurs de l'Organisation de l'unité africaine (OUA) et leur idée généreuse d'une Afrique unie, forte et prospère. Comme nous ne voulons pas revenir, non plus, aux éternels pilleurs de l'Afrique, depuis les temps anciens, qui ont fait de l'Afrique leur chose et où ils mettent à la tête de ses États des hommes-lige, leurs marionnettes qui les obéissent au doigt et à l'œil avant de venir nous imposer "leur démocratie" très peu compatible avec nos traditions, nos moeurs, nos us et coutumes.
Si à la voix du Tchadien IDI viennent s'ajouter d'autres voix, et d'abord celles de ses pairs de toute la zone CFA, la cause serait beaucoup plus entendue.
Avant que soit entreprise la grande révolution.
©Mohamed Hassani