Construire, exploiter et transférer
Aux générations futures nous avons devoir de léguer un monde meilleur. C’est un devoir moral qui transcende toutes les autres obligations selon ma conception de l’humanité.
Nos pères, combattants de la liberté et de la souveraineté nationale intégrale, nous ont offert l’indépendance.
Nous n’allons pas à revenir sur les manières dont la puissance colonisatrice a œuvré pour ses intérêts divergents aux nôtre car nous avons appris à l’école de nos ancêtres les Gaulois qu’elle n’a pas d’amis mais des intérêts. Nous avons seulement à nous regarder dans nos glaces et comprendre les raisons d’être de notre situation actuelle.
Notre situation actuelle est cauchemardesque. Nous sommes au fond du gouffre sur plusieurs secteurs. Pour s’en sortir plus de miracle. Nous devons faire face aux principes des réalités.
Nos réalités sont plus criantes dans l’absence des infrastructures de base, de collectivité entre les îles et surtout générateurs des richesses et créateurs d’emplois.
Cette situation de totale absence amène des réflexions sur l’art d’apporter les solutions appropriées.
Il peut y avoir l’école de laisser perdurer ces absences. C’est le choix que certains saisonniers de la politique ont eu à faire. Les conséquences sont la situation actuelle qui est le degré zéro de l’évolution d’un État indépendant.
Il y a les élèves des institutions des crédits qui professent les emprunts d’Etat pour solutionner les problèmes nationaux. L’approche crédit est certes louable. Il permet d’avoir les fonds nécessaires pour concrétiser des projets du choix gouvernemental. Mais ces projets nous avons eu certains avec la désolation qui en est suivie. Je vous en dispense l’énumération.
Faire du crédit pour s’équiper et exploiter l’équipement impose des savoir-faire que nous n’avons pas actuellement. Alors nous devons savoir prendre nos responsabilités.
Faire du crédit dont les paiements sont échelonnés sur le moyen et long terme fait que nous hypothéquons l’avenir des générations futures sans les garantir l’existence d’un patrimoine digne du coût du crédit.
L’intelligence nous commande donc de batailler pour trouver les meilleures solutions afin de combler ces retards en infrastructures tout en ne laissant point des dettes aux générations futures et en les léguant un patrimoine dont elles se sentiront fiers de nous.
Voilà si j’ose reprendre le jargon usuel de l’univers des ateliers-séminaires les termes de référence de notre équation à résoudre.
Une des solutions que nous proposons à cette équation est le concept de « construire, exploiter et transférer ».
A un besoin sociétal d’infrastructure générateur des revenus et de plus mobilisateurs pérennes des ressources humaines, nous proposons ce concept de « construire, exploiter et transférer ».
Le concept est facile. Un major sectoriel peut nous faire les études de faisabilité de notre infrastructure. A partir des études, il peut nous accompagner à mobiliser les fonds nécessaires. Muni de toutes garanties de contrôle de A à Z nous faisons réaliser notre infrastructure à ce major sectoriel.
L’ouvrage fini, certifié conforme aux cahiers de charge par un organisme international habilité, nous pouvons le réceptionner pour l’exploiter nous-même. Mais le concept, dont nous adhérons, donne sous conditions déclinées dès le début l’exploitation à ce major sectoriel.
Ce major sectoriel exploite sous diverses conditions l’infrastructure pendant une durée déterminée et convenue sous contrat. A la fin de cette durée l’infrastructure nous est transféré comme à l’original c’est à dire comme après la construction avant exploitation.
C’est cet option de « construire, exploiter et transférer » que nous pouvons positionner certains secteurs qui doivent être dotés en infrastructures pour le démarrage économique de notre pays. C’est un choix responsable qui nous permet de combler le fossé abyssinien de notre retard et qui peut nous permettre d’évoluer vers la classe des pays émergent.
C’est aussi un choix qui permet de léguer aux générations futures un patrimoine national des infrastructures en marche. Par contre l’autre approche des abonnés des institutions des crédits fera qu’on léguera que des dettes et probablement des infrastructures vétustes sans âme ni rentabilité d’exploitation.
Face à ces choix politiques de société, chacun de nous politiques se doit d’assumer ses responsabilités. Nous avons à bâtir une société pour répondre aux multiples volontés légitimes de notre peuple souverain. Nous devons sortir donc de ce squat en forme de labyrinthe sans issue que certains amis ont volontairement ou involontairement maintenu l’archipel des Comores depuis son accession à l’indépendance.
Face à l’histoire, nous avons à nous regarder dignement et fièrement dans une glace ; voir nos réalités, accepter nos responsabilités et agir pour relever le simple défi qui consiste uniquement à satisfaire notre peuple de ces demandes sociétaux, bâtir une société prospère dont chacun de nous peut jouir avec aisance de sa vie tout en laissant aux générations futures un patrimoine digne de nous au sein d’une société paisible et durable.
Vouloir y parvenir à ça nous conduit sur l’option de « construire, exploiter et transférer ».
Paul-Charles DELAPEYRE