A Mayotte, la population s’en prend aussi aux journalistes
Mayotte fait-elle vraiment tout à l’envers ?
Alors qu’en France métropolitaine, la population soutient les manifestations des policiers en colère, des débordements viennent d’avoir lieu à Mayotte dans la banlieue de Mamoudzou toute la semaine dernière avec comme point culminant l’organisation d’une marche blanche suivie par près de trois cent personnes.
Ces protestations sont nées à la suite de la décision du tribunal correctionnel de condamner un jeune footballeur du quartier, Chamak bien connu dans le village pour son engagement sportif , à 2 mois de prison ferme pour avoir frappé et blessé un policier. En France, les policiers en colère réclament des peines exemplaires pour ce genre de délits. L’inculpé nie les allégations de l’enquête qu’il considère bâclée et à charge. Il dit aussi avoir voulu assurer un rôle de médiateur et d’interposition entre les jeunes et la police. Pour les Mahorais, la peine est jugée disproportionnée comme si la Justice avait voulu montrer aux policiers en colère aussi sur l’île qu’elle n’était pas laxiste ce qui est par ailleurs faux puisque depuis des années, on laisse courir l’immigration clandestine et filer l’insécurité urbaine.
Dans ces manifestations du week-end, nous aurons relevé un fait nouveau sur l’île. Pour la première fois, des banderoles ont été hissées contre la presse , une presse quasiment néocoloniale, au service de la préfecture et qui n’a pas encore assumé le fait que Mayotte est un département à part entière. Exemple flagrant de la manipulation de la presse : lors des derniers incidents au lycée de Chirongui , la seule chose qui intéressait le journaliste dépêché sur place était de savoir si les professeurs avaient exercé leur droit de retrait alors que les enseignants n’en avaient rien fait. Mais qu’importe, on est venu avec ce scoop fabriqué, on repartira avec ce scoop, le communiqué passera quand même comme information.
Michel Lhomme, philosophe, politologue | Metamag