Le SCA2D remis à sa place
SCA2D, c'est quoi !!? Un sigle qui spécifie l'orientation donnée au pays par les institutions internationales avec bien sûr l'aval des autorités comoriennes. Les spécialistes de "l'aide au développement" sont forts. Ils inventent à volonté des sigles, PAS, DSRP, PPTE,… Ils formulent aussi des nombreux concepts "RENFORCEMENT DES CAPACITES, GENRE, INCLUSIF, APPROCHE PAR LES COMPÉTENCES, FRACTURE NUMÉRIQUE,….
Des "trouvailles" qui en jettent, qui font technique, qui donnent le la aux programmes de nombreux pays dits en développement, qui mobilisent des sommes énormes en déplacement tous frais compris d'experts et consultants internationaux, en séminaires, en édition d'une multitude de brochures, etc. Figurez-vous que ne pas s'y référer est perçu comme une tare et vous rend infréquentable. Et voilà comment les pays du Tiers Monde sont aidés depuis plus de 60 ans sans qu'aucun d'eux ne soit parvenu à sortir des ornières tracées par les spécialistes de l'aide au développement. Il se trouve bien sûr des experts nationaux et des fonctionnaires nationaux pour justifier cet état de fait par l'irresponsabilité de nos gouvernants. Une vérité qui ne doit cependant pas nous cacher la forêt : un système qui a émergé et qui brûle nos pays à petit feu.
Mais voilà que dans son atelier du 15 août 2016, suivant l'article d'Alwatwan du 16/08/2016 consacré à l'événement, le Gouvernement comorien observe que le SCA2SD est "irréaliste", que le plan d'action qui en est issu est "en décalage avec la réalité et les finances du pays". Imaginez donc un plan dont le financement annuel est de 100 milliards dans un pays où le budget national n'atteint pas 50 milliards. Cela tombe sous le sens !
Cerise sur le gâteau, dans son discours d'ouverture de l'atelier, le Président Azali aurait, toujours suivant Alwatwan, "imposé l'obligation de résultat comme méthode d'évaluation". L'objectif du Gouvernement serait "de sauver et préserver l'unité nationale et la paix sociale, restaurer l'autorité de l'Etat, redresser le pays et redonner de l'espoir aux Comoriens."
Serions-nous dans un rêve ? Ou bien est-ce du charivari pour tromper "l'adversaire" ? Soyons positif et optons pour une bonne volonté et un engagement du Chef de l'Etat. Nous sommes alors en droit d'attendre des changements conséquents dans la gestion du pays. En particulier dans la tendance exécrable à considérer le pouvoir comme un gâteau qu'on se partage entre parents, amis et "ceux qui ont poussé le camion". L'esprit de suite impose l'élaboration d'un programme quinquennal public qui analyse la situation du pays et fixe les objectifs à réaliser dans les cinq ans; ce programme devra être décliné en programme annuel au moment de l'élaboration du budget de l'Etat. Il faut mettre en place des équipes compétentes autour du Chef de l'Etat pour suivre l'activité déployée dans les différents ministères, gouvernorats, départements, etc.
Mais rassurez-vous, je ne suis candidat à rien. A mon âge, on ne commence pas une carrière, on va plutôt vers sa clôture.
Idriss 17/08/2016