M. Michel Rocard vient de décéder. La classe politique française unanime rend hommage à l'homme d'Etat, le socialiste libéral, celu...
M. Michel Rocard vient de décéder. La classe politique française unanime rend hommage à l'homme d'Etat, le socialiste libéral, celui qui a introduit de la morale en politique (il fut à l'origine du financement des partis politiques français), etc. Imaginer donc, un hommage national va lui être rendu sous la direction du Chef de l'Etat français en personne.
Rocard s'est occupé des Comores à la fin des années 1990. Il était alors dans une commission de l'Union Européenne. Lorsqu'on l'a vu s'impliquer activement sur la question du séparatisme les questions fusaient sur le sens de son engagement. Comment un homme politique français de premier plan, un ancien Premier Ministre, pouvait-il s'intéresser autant aux péripéties d'un micro Etat ?
Rocard effectua plusieurs déplacements aux Comores, visita Ndzuani en sécession et participa à la conférence d'Antananarivo de 1999 sur les Comores. Petit à petit, son dessein apparu au grand jour : il proposait un éclatement du pays en préconisant une Union des Etats Indépendants des Comores. Son intervention à la conférence fut encore plus édifiante. Il commença par afficher son mépris (il intervenait disait-il parce qu'il considérait que ses amis anjouannais étaient timides et n'oseraient pas défendre leurs points de vue) et finit par une nouvelle thèse suivant laquelle l'Etat central devait voir ses capacités de nuisance grandement limitées. Voilà un dirigeant socialiste français adepte du paternalisme des belles années de l'esclavagisme et du colonialisme ! Voilà un dirigeant européen qui travaillait à l'unité de l'immense Europe et qui cherchait à diviser un micro Etat insulaire ?
Un homme est mort, on s'incline devant sa mémoire mais on ne peut pas oublier son action. Pendant que la France lui rend hommage, les Comores ne peuvent que se souvenir de son rôle nuisible dans la balkanisation du pays. A ce titre Il fut un dirigeant conséquent de l'Etat français.
Idriss (04/07/2016)