La question de l'ile comorienne de Mayotte s'est imposée sur les devants de la scène politique. Il faut dire que la crise (non réso...
La question de l'ile comorienne de Mayotte s'est imposée sur les devants de la scène politique. Il faut dire que la crise (non résolue) des délogés de la place de la République Française à Mamoudzou imposait une réaction à la mesure du défi lancé par les autorités françaises administrant de fait l'île comorienne. Le silence du nouveau pouvoir inquiétait et nous y avions vu un signe révélant une tendance capitularde. En fait il n'en est rien. Azali et les siens agissaient en coulisse. Et on le perçoit nettement.
Le discours du Président à l'occasion de la fête nationale, Azali reprenant le mot d'ordre fondamental du Comité Maore : "Mayotte est comorienne et le restera à jamais" et son engagement public à dépêcher une mission ministérielle à Mayotte pour témoigner la sensibilité de tout le peuple comorien face aux mauvais traitements subis par des compatriotes et face au laxisme suspect des autorités françaises! On image la complexité d'une telle démarche et le temps que cela prend pour trouver les compromis appropriés.
En second lieu, l'intervention du Président au dernier sommet de l'Union Africaine appelant clairement à la lutte solidaire autour de la défense de l'intégrité territoriale des Comores. Un discours nouveau par l'engagement qu'il présuppose.
Et enfin ce cri du cœur de …!!!!.... Bolero lors de son investiture à la tête de la Commission de l'Océan Indien. Eh oui, l'insaisissable Bolero défendant avec tact l'unité du pays, provoquant l'ire des inconditionnels de la "France de l'Océan Indien", voire même au-delà. Qui l'eût imaginé ?
Ce sont là des faits tangibles qui suscitent le doute chez des Comoriens échaudés mais des faits qui ont paniqué la France. Elle ressort ses vieilles rengaines sur l'aide, multiplie les contacts pour calmer les ardeurs des anciens-nouveaux dirigeants du pays. Azali serait invité à Paris par Hollande. L'envoie d'un préfet de Mayotte à Moroni dans sa récente délégation constitue à cet égard, une provocation-piège que les Comoriens doivent mesurer et déjouer intelligemment.
Reste que dans ce jeu du chat et de la souris, l'Etat comorien ne peut pas et ne doit pas se contenter de diplomatie souterraine seulement, il doit faire jouer les pressions publiques pour mieux négocier. A ce titre, la question de Mayotte ne peut pas et ne doit pas être examinée dans un cadre bilatéral seulement. C'est une question internationale, soumise à l'ONU par l'Organisation Africaine. C'est pour cela que chacun attend voir si l'engagement comorien ira jusqu'à obtenir un débat et une résolution lors de la prochaine AG de l'ONU qui débutera en septembre prochain. C'est alors que l'on saura si ceux d'en haut se sont comme d'habitude, contentés d'amuser la galerie ou si nous avons affaire avec une volonté politique réelle d'avancer, immédiatement vers la suppression du visa Balladur et ouvrir des portes vers l'avenir. "Wait and see" comme disent les anglais.
Le Président Azali a en tout cas l'occasion de se racheter. Car c'est lui qui, trompé par Chirac, a ouvert une brèche dans le dispositif d'isolement de Mayotte (participation aux jeux de l'Océan Indien), brèche devenue par la suite un boulevard vers la départementalisation de l'île comorienne.
Idriss (21/07/2016)