Bonne fête de indépendante à toutes et à tous, même si elle se fait dans un contexte socio-économique très difficile. Comme tous les ans, ...
Bonne fête de indépendante à toutes et à tous, même si elle se fait dans un contexte socio-économique très difficile. Comme tous les ans, en fait. Ça sera toujours la même ritournelle de la part de nos dirigeants. Mais le temps est aux actes, aux actions et non au triomphalisme béat suite à une indépendance dont la gestion donne des sueurs froides au peuple comorien. 41 ans de gâchis, de gabegie, de mauvaise foi. Quatre décennies d’amateurisme, de rafistolage. Quelle cruelle désillusion! On n’a pas à se pavaner, non. Sinon c’est manquer du respect à la dignité humaine, au peuple comorien tenaillé par un quotidien difficile. Oui, mais à la fête de l’indépendance mais dans la plus grande et stricte sobriété!
Azali le 6 juillet 2016 ©habarizacomores.com |
La vraie liberté, la vraie autonomie, la vraie indépendance, elle est matérielle, financière, économique et non théorique. La vraie indépendance, ce n’est pas des discours emprunts de fierté, encore de façade. La vraie indépendance, elle est celle qui s’accompagne d'une politique qui allège les souffrances peuple. Et la nôtre, qui est gérée avec toutes les approximations du monde, est loin de répondre à cet idéal parce que peu de gens s’y identifient. Tant qu’on n’aura pas des écoles, des hôpitaux, des routes aux normes requises, une justice digne de son nom, on s'interrogera, avec une insistance lancinante et permanente, sur la crédibilité de notre indépendance qui suscite d'ailleurs moins d'engouement. L’euphorie n’aura duré que le temps d’un rêvé parce qu’on a été vite confrontés à la réalité, amère, celle d’un pays qui avance comme un bateau sans ancre ni boussole, donc soumis au gré du vent, donc en perdition, avec le naufrage à l’horizon.
Sommes-nous déjà conscients que nous avons déjà touché le fond ? Tout est en ruine : la santé, l’éducation, l’économie, tout. C’est impossible de citer un domaine où il y a un semblant de mieux. Tout est à terre, pour le plus grand plaisir de ceux qui aiment pêcher en eaux troubles. On est en face d’un chaos soigneusement préparé histoire d’entretenir les pratiques les plus basses et ignobles : le pillage des maigres biens de l’Etat et la manipulation de la justice.
Beaucoup disent que les Comores est une nation jeune ; comme s’il ne faut pas tenir rigueur à ceux qui la gouvernent. L’excuse me parait d'une légèreté insoutenable. Maurice, Seychelles, et j'en passe, ont pris leur indépendance à la même époque que nous et en termes de développement économique et social, ils sont loin parce qu'ils ont mis en avant l’intérêt général, pas comme chez nous où un groupe de personne fait de biens de l'Etat sa chasse gardée, en toute impunité.
Certaines personnes disent aussi que notre pays n'a pas des richesses à exploiter, c'est aussi ridicule. Qu'est ce qu'on n'a pas? Une mer propre et poissonneuse, une nature vierge, des terres arables, une jeunesse dynamique, prête à travailler. Un peu de volonté ferait décoller notre pays. Pour l'instant, c'est une denrée de la part de ceux qui nous gouvernent dont les discours, inaudibles et oiseux, contrastent avec les attentes du peuple. Le pire est à venir, dit-on. Donc soyons stoïques!
Ali Abderemane