« Quand on contraint un peuple à vivre bas, ça ne le porte pas à penser haut ». André MALRAUX. Dans le conte des mille et une nuits, c’...
« Quand on contraint un peuple à vivre bas, ça ne le porte pas à penser haut ». André MALRAUX.
Dans le conte des mille et une nuits, c’est très connu, Ali se débarrasse des voleurs et tout fini bien. Concernant le pouvoir du Président IKILILOU, il fait juste le contraire : il garde les voleurs dans leur poste respectif, jusqu’à la fin de son mandat et chaque voleur s’est bien servi de l’argent de l’Etat.
Ces voleurs, ce sont des gens ordinaires, des hommes et des femmes souvent issus des conditions modestes, nommés à des postes de directions, ou des receveurs et receveuses, des caissiers et caissières, bref, ceux et celles qui sont en contact permanent avec l’argent de l’Etat, et qui de surcroit, estiment qu’ils peuvent s’en servir, librement, tirer profit, sans la moindre inquiétude aucune, et pour cause, depuis toujours, c’est la règle chez nous aux Comores, le ridicule ne tue pas. Quand il y a mangement ; il faut oser manger beaucoup à tel point que les voisins directs se rendront compte que Monsieur ou Madame a, beaucoup mangé pendant son passage au poste de receveur à la SNPSF, à Comores Télécom, à la direction des hydrocarbures, à la direction des douanes, à la MA-MWE, comme DirecteurAdministratif et Financier (DAF).
Etre DAF dans une Entreprise d’Etat, Comores Télécom, c’est gérer un Etat dans l’Etat de telle sorte que la personne qui occupe ce poste doit obligatoirement rendre compte à la première dame de notre pays chaque jour. Ainsi va notre « démocratie tropicale ».
De tout cela, les comoriens sont fatigués de voir, chaque régime présidentiel, s’installait avec ses quarante voleurs potentiels. A cet égard, le discours d’investiture du 26 Mai 2016 du Président AZALI ASSOUMANI, fournit un élément de réponse encourageant. Une allocution consensuelle, sans triomphalisme, rassembleur, articulé autour des thèmes « Comores pays émergent » « rupture » avec des Antivaleurs d’hier : corruption, clanisme, concussion, villageois, népotisme, laxisme, etc. . .
Cependant, le nouveau chef de l’Etat, le Président AZALI ASSOUMANI, se veut intègre et inspiré, social et démocrate, porteur d’un dessein global pour le quinquennat qui s’ouvre et résolument tourné vers la jeunesse, surtout les diplômés chômeurs. Cette jeunesse en quête d’emplois pour participer à leur tour à l’édification d’une Nouvelle Nation, pour fonder un avenir meilleur, un lendemain qui chante. . .
Bien sûr, le problème, est qu’il ne s’agit là pour l’instant que d’un discours très promoteur. Sceptiques de nature, mais aussi échaudés par des engagements qui n’ont pas toujours été suivis d’effets et d’autant plus exigeants sur le partage des fruits de la victoire aux élections présidentielles et que les partis politiques qui se sont ralliés à la candidature du Président AZALI ASSOUMANI, pour obtenir cette victoire, exigent leur part du gâteau, ce qui est normal en soi.
Mais le peuple, lui, attend de voir quel contenu concret, le Président va donner au mot « rupture », à l’expression « faire de notre pays, Comores, un paysémergent ».
En d’autres termes, est-ce que le conte d’Ali BABA et les quarante voleurs ne va pas recommencer avec ce nouveau régime ?
Autrement dit, ceux qui ont voté pour le nouveau président ne lui ont pas signé un chèque en blanc, et l’intéressé, qui ne doit sa réélection qu’aux efforts communs de plusieurs partis, a en théorie, les mains libres pour l’honorer ?
Dans la réalité comorienne, c'est-à-dire dans les différents régimes politiques qui se sont succédéspendant ces vingt (20) dernières années, c’est, sans les quarante voleurs que le Président se doit d’écrire les chapitres de son nouveau mandat s’il veutcontinuer sa route sans encombre : dans le cas contraire, ce qui est arrivé au Président IKILILOU risque de se répéter : un mandat de cinq (5) ans, sans le moindre résultat si ce n’est, satisfaire les Amis pharmaciens du Président, et les autres de la confrérieDHOININE, jusqu’à son départ du Palais de Beït-Salam. Ainsi, je reprends : « rompre » oui, « faire de notre pays, Comores, un pays émergent » oui, c’est aussi avoir le courage de se débarrasser de plusieurs voleurs dès maintenant ; il faut avoir le courage de s’amputer de tous ceux qui seront tentés de stopper ou freiner la « rupture ».
Je pense (il se pourrait que je me trompe) que rien ne sera possible si les changements aux postes de responsabilité que réclame l’opinion publique nes’accompagnent pas d’une mise à jour et d’un nettoyage en profondeur du logiciel mental qui, peu ou prou, détermine le comportement de tous les comoriens, de la base au sommet, d’Anjouan comme de Mohéli, de Grande Comores comme de Mayotte, du pouvoir comme de l’opposition, de la société civile comme d’une jeunesse qui piaffe d’impatienceaux portes de l’écurie, face aux notions clés de civisme, de patriotisme, de sens de l’Etat, de respect de la chose publique et du bien collectif.
Justement à propos du bien collectif et de la chose publique, quelle a été notre surprise, nous lecteurs du journal de la Gazette des Comores !
Dans un article de presse paru dans ce dit journal N°2685 du 1èr Juin 2016, intitulé « le Premier vice-président de l’Assemblée au cœur d’un scandale » confirme bien ma pensée. Nous sommes bien ébahis de voir, qu’à peine, entrée en fonction, un élu du peuple, de surcroit membre de la CRC, le parti politique au pouvoir, celui-là qui voudrait faire « rupture » de mauvaise habitudes dans l’Administration publique, s’attribue une voiture de fonction (un bien collectif) au vu et au su de tout le monde.
C’est du vol et une enquête judiciaire doit-être ouverte ; dans le cas contraire cette affaire risque d’instaurer une attitude laxiste au sein de l’Assemblée Nationale de l’Union des Comores
Si le premier vice-président de l’Assemblée Nationale, l’honorable Député s’approprie des Biens publics à commencer par la voiture de fonction, sans la moindre inquiétude, demain il s’accaparera d’autres biens publics et ainsi de suite, il finira d’instaurer le laxisme là où il est ou là où il sera.
En général, d’où qu’elles émanent, les attitudes laxistes obéissent presque toujours aux mêmes motivations : épargner à une personne proche ou alliée les sanctions punitives attachées à un acte répréhensible dont elle est reconnue coupable ; éviter l’éclatement d’un scandale à travers lequel le pouvoir serait déjugé de l’intérieur comme de l’extérieur ; étouffer un scandale déjà étalé dans la rue ; ou enfin éviter de s’attirer les travers d’une personne influente capable de mettre le pouvoir en difficulté par son poids politique, économique, ou par sa connaissance de nombreux secrets d’Etat compromettants.
En définitive, si vraiment c’est la « rupture » qui anime le nouveau élu, le Président de l’Union des Comores, son Excellence AZALI ASSOUMANI, il doit alors faire attention aux quarante voleurs qui ont pour missions :
Chercher des fonds auprès de l’Etat, quitte à mettre les mains dans les caisses des entreprises d’Etat sans porter les moindres gants.
Quant à la volonté de faire notre pays, un pays émergent : je ne peux qu’applaudir le Président AZALI et lui rappeler qu’à ce jour, notre pays est classé parmi les plus pauvres de la planète. Mais, ensemble, nous devons croire avec le Général DEGAULLE que « le petit cheval de l’Histoire passera et repassera devant les attardés : ceux qui l’enfourcheront, pourront rattraper le train ». Et j’ajouterai avec moins de talent ; les conditions nécessaires, la bonne gestion de l’économie et la mise au travail des gens notamment les jeunes diplômés chômeurs, ne sont pas pourtant suffisants, par ce qu’elles ne donnent que le pain, et la dignité matérielle. Mais commençons par là. Réalisons cela dans ce quinquennat qui commence et dans celui qui suivra après pour le futur Président.
A chaque siècle suffit sa peine !
MOHAMED DAROUECHE