Tsi djau, Haramu, Non, Si les yeux refusent de s'ouvrir, maintenons les ouverts avec des pinces à linge. Nous n'avons pas le dr...
Tsi djau, Haramu, Non,
Si les yeux refusent de s'ouvrir, maintenons les ouverts avec des pinces à linge. Nous n'avons pas le droit de fuir ces images de notre lâcheté, de ce crime collectif, commis au nom d'un peuple qui serait réduit à une petite foule anonyme. Un criminel a été tué par la foule. C'est un crime.
Là où je me trouve, à 7000 km des palais de justices comoriens, je suis meurtri et me sens coupable de cette bestialité. Ceux qui l'ont commise sont mes concitoyens.
Cette foule n'a pas le droit de donner la mort. Pas plus que je n'ai le droit d'aller tuer celui qui tuerait mon enfant, ma femme,mon ami. La justification première de l'état, c'est justement que le plus fort, le plus passionné, le plus intelligent, le plus bête, le plus malheureux, n'imposent leur loi, ne se fassent justice. Sinon c'est pire que la jungle.
Il y a nécessité du droit. Le droit est certes toujours un peu en retard par rapport à l'évolution de la société, mais perfectible avec la progression de l'expérience et le savoir des hommes.. Vrai que notre état est déficient, à la limite de l'inexistant. Raison de plus pour que chacun de nous dénonce cette sauvagerie inexcusable, digne des jungles naturelles et urbaines où l'homme se comporte en animal affamé. On me dit que l'appareil judiciaire à jeté cette proie à la meute.
Que les responsabilités soient alors relevées. Mais que ceux qui croient qu'il n'y a pas de société viable sans un système judiciaire, refusent d'être détournés dans les querelles nyanyanya politiciennes opportunistes, et dénoncent toute compréhension et justification de ce crime. Qu'ils appellent tous ceux qui revendiquent une responsabilité publique dans ce pays, comme tout citoyen, à dénoncer publiquement ce comportement de meute de rats, indignes des citoyens humanistes que nous nous sommes engagés à être de par nos lois.
Texte© Said Mchangama
Titre et image ©habarizacomores.com