Le président de la République a été investi voilà plus d’un mois, son cabinet, son gouvernement et plusieurs directeurs ont été nommés. Plac...
Le président de la République a été investi voilà plus d’un mois, son cabinet, son gouvernement et plusieurs directeurs ont été nommés. Place donc à l’action, si je puis dire. Mais il y a un grand hic : Azali et la CRC n’ont la majorité ni à l’Assemblée ni dans l’opinion nationales. Difficile de gouverner dans cette situation : la coalition conduite par Azali reste donc la seule solution.
Plusieurs raisons à cela. La coalition offre d’abord à son gouvernement une légitimité politique, et donc une capacité et une force d’action. Ensuite parce qu’elle offre au Chef de l’Etat un grand réservoir de ressources humaines (une large palette d’hommes et de femmes de savoir et d’expérience capable de servir le pays). Enfin car ce schéma pourrait aboutir à moyen ou long terme à une très grande restructuration de la vie politique nationale qui pourrait être bénéfique au pays : CRC et Juwa pourraient s’allier durablement pour garantir au pays une majorité politique durable à même de conduire les lourdes réformes nécessaires dont le pays a cruellement besoin.
Il reste que la politique politicienne n’intéresse pas du tout les Comoriens : les électeurs comoriens veulent des résultats : des salaires réguliers, du travail, des écoles, des hôpitaux, des routes, de l’électricité et un horizon dégagé. Le président de la République ferait mieux de prendre le temps d’expliquer aux Comoriens les enjeux gigantesques de son quinquennat, des moyens réduits à sa disposition ainsi que de son plan de travail. La jeunesse comorienne majoritairement bien formée aujourd’hui ainsi que l’élite de ce pays sont tout à fait capables de le comprendre.
Le Chef de l’Etat devrait courageusement dire au pays qu’une personne élue dispose de l’autorité nécessaire pour conduire les affaires de l’Etat (sans se soumettre nécessairement aux notables !), qu’il vaut mieux de petits pas à des sauts dans le vide, le pragmatisme que l’aventurisme, la négociation que l’affrontement, la modération que les surenchères, la raison que le fanatisme. Il devra lui dire aussi qu’il n’existe pas de démocratie viable sans prospérité économique préalable ; et que celle-ci nécessite une responsabilité de l’individu (appropriation de la valeur travail, contrôle des naissances et meilleure gestion des revenus) sans laquelle un Etat sans ressources ne pourra absolument rien. Il devrait lui dire enfin qu’il n’existe pas de réelle souveraineté nationale sans une réelle autonomie financière.
Bref, Il devrait lui dire la stricte vérité de façon très pédagogique : il devrait expliquer humblement son rôle aujourd’hui qui est de négocier en permanence entre notre souveraineté nationale et nos intérêts économiques qui sont souvent entre les mains d’étrangers qui ne nous veulent pas forcément d’ailleurs que du bien.
Nassurdine Ali Mhoumadi, docteur ès Lettres